jueves, 30 de diciembre de 2010

L’euro, monnaie imposée, n’est pas sauvé –On assiste à une succession de catastrophes

par Bruno Bandulet

Lorsque les députés du Bundestag allemand ont approuvé en mai dernier le «plan de sauve­tage» de l’euro sans en connaître les détails et le coût définitif, ils s’imaginaient encore que la simple présentation des instruments dispenserait de les mettre en œuvre. Or il apparaît maintenant que la crise de la monnaie commune n’était pas terminée. Elle ne faisait que commencer.
Avant de nous pencher sur la question de savoir si et comment l’euro va survivre aux prochaines années, constatons que depuis le printemps 2010, nous avons affaire à un euro différent: non plus à une monnaie remplaçant le mark allemand, ancienne monnaie de réserve européenne, mais à une monnaie européenne de crise, au mieux à une espèce de franc français.
Lors d’un putsch organisé par les gouvernements principaux, la Commission européenne et la Banque centrale européenne, on a détruit les trois piliers sur lesquels devait reposer un euro stable. Le fondement contractuel du Traité de Maastricht est caduc. Le droit européen a été violé sans scru­pules.

Les trois principes sur lesquels repose l’euro

On sait que l’idée d’un euro fort reposait sur trois principes. Premièrement sur le fait que le déficit budgétaire devait être inférieur à 3% du PIB et la dette publique (= ensemble des emprunts contractés par l’Etat) inférieure à 60% du PIB. (Si ces «critères de convergence» avaient été respectés, l’euro aurait pu fonctionner mais dès 1999, au moment de son introduction en tant que monnaie scripturale, on ne les a pas pris au sérieux.) Deuxièmement, le Traité contient la clause de no bail-out qui interdit à un pays de la zone euro de répondre des dettes d’un autre pays. Et troisièmement, la Banque centrale européenne devait être indépendante de toute influence politique. Elle n’a pas le droit d’acheter des emprunts d’Etat et de mettre ainsi en circulation de l’argent «frais», c’est-à-dire de faire fonctionner la planche à billets. Ces trois principes ont été sacrifiés à l’opportunisme poli­tique. Si les gouvernements avaient été fidèles au Traité, la zone euro aurait probablement éclaté dès le printemps dernier.

Légende du plan de sauvetage de 750 milliards d’euros

Depuis lors, on essaie de maintenir à flot cette monnaie imposée et de gagner du temps à l’aide d’un grand bluff. Bluff facile à percer à jour si l’on examine de près le plan de sauve­tage décidé en mai dernier:

• L’UE elle-même peut apporter 60 milliards. Cette somme fait partie de son budget et est donc supportée par les 27 pays membres, pas seulement par les gouvernements de la zone euro. Il s’agit du Mécanisme européen de stabilisation financière (MESF).

• En outre, le Sommet de Bruxelles a créé l’Instrument européen de stabilisation de la zone euro/European Financial Stability Facility (EFSF), domicilié au Luxembourg et dirigé par l’Allemand Klaus Regling. Il s’agit là d’une société anonyme dont les actionnaires sont les 16 pays de la zone euro. Elle est habilitée à emprunter de l’argent sur le marché des capitaux et à le prêter ensuite contre intérêts à d’éventuels candidats à la faillite. Elle ne l’a fait que dans le cas de l’Irlande. Contrairement à ce que croit le public, les contrats de l’EFSF sont à durée indéterminée. L’échéance n’est pas 2013.

• On a tout d’abord décidé que l’EFSF pourrait emprunter 440 milliards d’euros. Comme la société de M. Regling doit veiller à se voir attribuer par les agences de notation la meilleure note, soit AAA, et comme les pays à monnaie faible se trouvent parmi les garants (une plaisanterie, à vrai dire!), les prêts accordés doivent être garantis à hauteur de 120% et, en outre, il a fallu prévoir une réserve liquide. Ainsi, la somme disponible est bien inférieure à 440 milliards d’euros. Actuellement, elle est de 255 milliards! Et si, par exemple, l’Irlande, le Portugal ou l’Espagne font défaut en tant que garants, la part des pays (encore) stables augmentera. C’est pour cette raison que le Bundestag ne pouvait absolument pas savoir, en mai dernier, quelle était la somme à la charge, finalement, des contribuables. Au cas où l’Italie s’ajouterait à ces trois pays, l’Allemagne devrait se porter garante de quelque 226 milliards d’euros, presque le double du montant indiqué aux députés par le gouvernement en mai.

• En outre, le Fonds monétaire international (FMI) est également de la partie. Il avait promis jusqu’à 250 milliards d’euros. Comme les Etats-Unis disposent d’une minorité de blocage au FMI, ils ont pour la première fois un droit de codécision dans les affaires de l’union monétaire européenne, fait gênant quand on considère que les Européens voulaient, avec l’euro, tenir tête au dollar et par là même à l’hégémonie financière américaine. Le problème est le suivant: comme le FMI a promis de prêter une somme représentant la moitié des crédits européens (d’où le calcul initial: 500 + 200 milliards), mais comme l’UE ne va apporter que 315 milliards (60 + 255), la part du FMI se réduit à 157,5 milliards, si bien qu’en tout, il n’y a pas à disposition 750 milliards mais plus que 472,5 milliards. Et comme ils ne suffiront probablement que pour 2 ou 3 ans, chacun peut faire le calcul. On pourrait venir au secours du Portugal, probablement aussi de l’Espagne, mais plus de l’Italie.

• Indépendamment de l’EFSF et du MESF, on avait peu avant promis au gouvernement grec des crédits destinés à empêcher sa faillite qui doivent lui parvenir maintenant et dont le taux d’intérêts doit être d’environ 5%. Les ministres des Finances de la zone euro accorderont prochainement à Athènes 9 milliards supplémentaires qui lui seront versés au début janvier 2011. En contrepartie, la Grèce sacrifie sa souveraineté et se soumet à la dictature économique de l’UE. Cela rappelle la République de Weimar: les représentants des puis­sances victori­euses siégeaient à la Reichsbank pour avoir les Allemands à l’œil. Personne n’a encore expliqué comment la Grèce pourrait rembourser les crédits.

Les déficits publics ne représentent qu’une partie du problème

Etant donné les dettes colossales accumulées avant 1999 et depuis lors dans la zone euro, les 472,5 milliards ne sont à la rigueur qu’une goutte d’eau dans la mer. A la fin de 2009, les dettes de l’Irlande s’élevaient à 104,6 milliards d’euros, celles de la Grèce à 273,4 milliards, celles de l’Espagne à 559,6 milliards, celles du Portugal à 125,9 milliards et celles de l’Italie à 1760,7 milliards; et elles continuent d’augmenter partout. Les promesses d’aide n’y changeront rien. Avec le plan de sauvetage de l’Irlande décidé le 28 novembre qui s’élève à 85 milliards (avec une participation irlandaise de 17,5 milliards), la dette irlandaise doublera brusquement. La dette de l’Espagne a également un caractère explosif: si l’on ajoute les anciennes dettes qui arrivent à échéance et les déficits courants, le pays a des besoins de trésorerie de presque 200 milliards (environ 18% du PIB) pour 2011 et d’un peu moins de 150 milliards pour 2012. En 2011, l’Espagne aura besoin de beaucoup plus d’argent que la Grèce, l’Irlande et le Portugal réunis. Chaque crédit augmente la dette et son service devient plus difficile. Ainsi l’insolvabilité est d’autant plus coûteuse qu’elle se prolonge. Cela dit, les chiffres mentionnés ne concernent que les dettes publiques, et non celles du secteur particulier, y compris des banques qui, dans des pays comme l’Irlande ou l’Espagne, représente le plus grave problème. Les dettes pu­bliques ne repré­sentent donc qu’une partie de ce sombre bilan. Depuis longtemps, la zone euro ne souffre pas seulement d’une crise des dettes pu­bliques mais également d’une crise des dettes des particuliers et des banques et, dans le cas de l’Irlande et de l’Espagne, d’une crise immobilière encore plus grave que celles des Etats-Unis. Et l’on ne cesse de nous mentir, de nous abreuver de belles paroles. Le test de résistance bancaire de l’été dernier était déjà incomplet et manquait de sérieux. Il avait pour objet de rassurer les marchés, ce qui a fonctionné pendant quelque temps. Même les banques irlandaises pourries l’ont réussi! Lorsqu’une «bad bank» a été créée en Irlande, la National Assets Management Agency (Nama), qui rachetait aux banques du pays leurs crédits immobiliers pourris, celles-ci ont prétendu qu’elles avaient prêté en moyenne 77% des sommes du projet. Or on sait maintenant qu’il s’agissait de 100% de ces sommes. Les investisseurs, eux, ont été plus méfiants que la Nama. Depuis des mois, ils retirent leur argent des banques irlan­daises et, ce faisant, ils aggravent la crise. Une ruée sur les banques tout à fait classique a menacé, entraînant un effondrement du système financier.

Le désendettement est une mission impossible

Qu’est-ce que c’est que cette monnaie qui doit constamment être sauvée? Et comment? Pour l’essentiel, il reste les moyens suivants: de strictes mesures de rigueur ont déjà commencé à être prises en Irlande et dans les Etats du Sud de l’Europe. Il n’est pas prévu de réduire la dette mais on va la laisser croître plus lentement qu’elle le ferait sans les coupes dans les budgets sociaux et les hausses d’impôts. Mais même ainsi l’effet est déflationniste et dépressif. Toutefois, l’idée suivante est juste: normalement, la Grèce, par exemple, devrait opérer une dévaluation de 30% pour rester compétitive. Comme ce n’est plus possible après l’abandon de la drachme, les sa­laires et les prix devraient baisser de 30% pour obtenir le même effet. Mais on est face à un cercle vicieux: les mesures de rigueur ont un effet négatif sur l’économie, ce qui entraîne une baisse des recettes fiscales et le déficit public augmente au lieu de diminuer. Pour pallier ce phénomène, le gouvernement devrait réaliser encore plus d’économies, mais il ne peut le faire que d’une manière limitée s’il veut éviter des troubles sociaux et une situation révolutionnaire. Dans ces circonstances, le désendettement est une «mission impossible», écrivait la Neue Zürcher Zeitung le 22 novembre. Il n’y a rien à ajouter à cela, si ce n’est peut-être qu’à la périphérie de l’Europe, les ressentiments à l’égard de l’Alle­magne augmentent maintenant. Les Allemands sont considérés comme des «maîtres de discipline» qui condamnent les pays endettés à une dépression qui durera des années et à l’appauvrissement. L’euro a ceci de fatal qu’il a déclenché des tensions sociales qui menacent maintenant de dégénérer en conflits interétatiques. La mise en garde, autrefois, des adversaires de l’euro selon laquelle il diviserait l’Europe au lieu de la cimenter se révèle juste.

Le coût d’une union de transfert n’est pas maîtrisable

La seconde solution, préférée par la Commission européenne, consiste à transformer la zone euro (voire l’UE tout entière) en une union de transfert impliquant une péréquation financière entre pays riches et pays pauvres à l’image de l’Allemagne et de ses seize Länder. Ce genre de nivellement des niveaux de vie européens correspondrait tout à fait à la lo­gique de l’européanisme, de la centralisation et de la mise au pas. Les contribu­ables encore solvables des pays du noyau dur devront se saigner pour que la périphérie puisse conserver l’euro. Cela pourrait coûter des sommes colossales. Holger Steltzner écrivait dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung du 30 oc­tobre dernier: «Si, dans cette crise d’endettement, on en venait à des transferts financiers, il n’y aurait plus ni limites ni contrôle.»
Il n’est pas tout à fait certain que la Cour constitutionnelle fédérale serait d’accord et on ne sait pas jusqu’où le gouvernement Merkel va aller. En effet, une véritable union de transfert entraînerait la ruine des finances publiques allemandes et donc celle des fu­tures retraites. Un jour ou l’autre les Allemands se révolteraient. Et avant eux, les contribuables des Pays-Bas, de Finlande, d’Autriche et de France. La France précisément, deuxième plus important garant du sauvetage de l’euro, est normalement peu encline à payer la note des autres. En conclusion, afin de retarder les faillites et par aveuglement, on pratique actuellement un mélange de politique d’austérité (en Irlande et en Europe du Sud) et de crédits difficiles à rembourser.

L’Italie serait un cas d’urgence absolue

La troisième solution serait que certains Etats membres de la zone euro en sortent volontairement, qu’ils dévaluent leur nouvelle monnaie et qu’ils réduisent leurs dettes dans le cadre d’une procédure de faillite. C’est précisément ce que redoutent les marchés financiers, d’où le bradage des emprunts d’Etat grecs et irlandais dont les intérêts atteignent des taux exorbitants. Toutefois, il est juste que la sortie des candidats à la faillite renforcerait l’euro. Mais qu’arrivera-t-il si la Belgique et l’Italie sont en difficulté? Le gouvernement Berlusconi est pratiquement paralysé; il n’a pas entrepris les réformes structu­relles nécessaires et le déficit public doit être de plus en plus financé par l’étranger. Dans les années 1990, avant l’adoption de l’euro, l’Italie s’est déjà trouvée au bord de la faillite. Aujourd’hui, son endettement est trop important pour qu’on puisse la «sauver». Il reste à espérer que les marchés financiers détourneront les yeux le plus longtemps possible et ignoreront encore un certain temps le fait que la situation du pays ne cesse de s’aggraver.

Un «processus insidieux»

La solution la plus élégante, mais aussi la plus invraisemblable actuellement serait que l’Alle­magne sorte de l’union monétaire. Le nouveau mark s’apprécierait immédiatement et le reste de la zone obtiendrait précisément ce dont elle a besoin: une dévaluation et le rétablissement de sa compétitivité. Mais comme Berlin n’aime en principe pas agir sans Paris, la France devrait suivre et il en résulterait une division de la zone euro en un bloc à monnaie solide et un autre à monnaie faible. On aurait ainsi un euro du Nord et un euro du Sud. Les exportations allemandes en souffriraient momentanément, l’économie intérieure en serait renforcée, le fort pouvoir d’achat de l’euro à l’étranger rapporterait une sorte de dividende social. Cela n’irait certes pas sans difficultés. La division de l’euro ébranlerait fortement les Bourses et les marchés de de­vises mondiaux et l’on peut com­prendre que les gouvernements redoutent cette option. En outre, la question se pose de savoir si la France ferait partie de l’euro du Nord ou de celui du Sud. Il n’existe pas de recette mi­racle: il faut choisir entre différents maux.
De toute façon, dans un proche avenir, la situation restera extrêmement dangereuse et imprévisible. Dans la NZZ du 20 no­vembre, Beat Gygi a écrit que l’union monétaire européenne était une «expérience déprimante» et l’euro une «construction non éprouvée». Les défauts de construction de l’union monétaire ne pourraient même pas être corrigés par une sorte d’union fiscale. «On devrait vraisemblablement se rendre compte que les pays de l’ancien «bloc du mark allemand» pourraient former une zone euro judicieuse.» Cependant les pays les plus faibles vivraient un long calvaire. En conclusion, «ce processus est insidieux dans la mesure où il avance de façon larvée et où le centralisme obtient constamment des succès apparents.»

On ne fait que retarder l’heure de vérité

Angela Merkel a déclaré que si l’euro échouait, c’est l’Europe qui échouait. C’est absurde car l’UE n’est pas identique à l’Europe et que la zone euro ne recouvre même pas l’UE. Les Etats de l’UE les plus solides n’en font pas partie: la République tchèque avec une dette de 35,4% du PIB, le Danemark avec 41,6% ou la Suède avec 42,6%, sans parler de la Norvège et de la Suisse, se portent très bien en dehors de la zone euro et de l’UE. Toutes ces monnaies survivront à l’euro et entrent en ligne de compte, en plus de l’or, pour les investisseurs allemands qui veulent limiter les risques de leur portefeuille.
Le fait que notre analyse ne soit pas trop pessimiste ressort d’un article d’une pleine page du professeur Otmar Issing paru le 11 novembre dernier dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Pendant de longues années chef économiste de la Banque centrale allemande et de la Banque centrale européenne, Issing ne peut pas être suspecté de dénigrer l’euro. Il écrit qu’un transfert ne serait justifié ni socialement ni économiquement, qu’une extension insidieuse du transfert se heurterait bientôt «à l’intérieur et à l’extérieur du Parlement», qu’il y a peu d’espoir «que l’Union européenne ait vraiment tiré les leçons de la crise», que le débat actuel à propos de la réforme du pacte de stabilité «ne promet rien de bon» et qu’une nouvelle crise va éclater «à plus ou moins brève échéance». Il termine son article par une mise en garde: «On ne fait que retarder l’heure de vérité.»

Dimanche noir pour Berlin

Le 28 novembre, lorsque les ministres des Finances de l’UE et le FMI sont tombés d’accord sur l’aide de 85 milliards à l’Irlande, d’autres mesures de sauvetage de l’euro ont été décidées. Les marchés financiers ont réagi avec scepticisme bien que la Banque centrale européenne ait à nouveau augmenté ses achats d’emprunts d’Etat en euro. Ce qui a été décidé ce jour-là représente une grave défaite du gouvernement Merkel.

• Le 23 novembre encore, Angela Merkel avait demandé la participation de créanciers privés à une éventuelle restructuration de la dette. Elle ne voulait pas de «pays de cocagne» pour les banques dans lequel les contribuables endossaient un risque de 100%. Cinq jours plus tard, Bruxelles décida que les créanciers ne pourraient participer qu’à partir de 2013 et là encore uniquement dans le cas extrême où un Etat serait véritablement en faillite et non pas en cas de difficultés de trésorerie. De facto, l’UE se réserve le droit de définir les cas d’insolvabilité comme elle l’entend, donc si possible pas du tout. Il n’est plus question que les banques prennent des risques dès 2011.

• Les contribuables allemands ont dû abandonner tout espoir qu’on en reste au plan de sauvetage décidé en mai et d’un montant théorique de 750 milliards. Il devait apparemment arriver à échéance en 2013. Or maintenant, il s’agit d’introduire un mécanisme de crise permanent appelé Mécanisme européen de stabilisation financière (MESF). La maîtrise de la crise de l’euro devient permanente et Berlin, principal contributeur, perd le contrôle du processus. A propos, le 28 novembre, les mi­nistres des Finances de l’UE ont décidé en toute hâte de prolonger la durée des crédits accordés à Athènes (en tout 110 milliards d’euros) de 3 à 7 ans et demi. De crainte qu’elle n’éclate, on ne cesse de gonfler la bulle de l’endettement.

Ce à quoi les investisseurs devraient faire attention

Nous devons considérer le drame de l’euro comme une crise qui va durer des années, avec des hauts et des bas dont on ne voit pas la fin et qui pourrait brusquement aboutir à un effondrement de la monnaie, du système financier et des marchés obligataires. En particulier:

• l’Irlande a été contrainte de demander une aide financière alors que le gouvernement était solvable et que cette aide n’était pas une nécessité absolue. Le but de l’opération était d’empêcher que la crise de confiance ne s’étende au Portugal et à l’Espagne. Il est très probable que cela ne marchera pas.

• Le Portugal pourrait être la prochaine cible, avec le risque que l’Espagne rencontre des difficultés. Le gouvernement de Lisbonne n’est financé que jusqu’à la fin de l’année. Après, il devra recourir au marché des capitaux. Il faudrait éviter les emprunts d’Etat portugais et espagnols d’assez longue durée (de plus de deux ans). L’Alle­magne, la France, l’Autriche, la Finlande, les Pays-Bas et le Luxembourg jouissent encore d’un statut AAA stable: Les titulaires d’emprunts du gouvernement grec doivent s’attendre à un moratoire et à une restructuration de la dette qui leur feront perdre une partie de leur capital, peut-être entre 30 et 50%. 2011 sera très volatile, du moins sur le front des monnaies. Le rétablissement de l’euro de septembre-oc­tobre s’est révélé trompeur. Il est maintenant sous pression. Les acteurs vont attendre l’issue des élections du début de l’année prochaine en Irlande. Toutefois, le dollar américain n’offre pas d’alternative convaincante à l’euro. Il représente à la rigueur un moindre mal. Actuellement, la politique monétaire de la Réserve fédérale est plus expansive que celle de la Banque centrale européenne. S’il en allait autrement, l’euro serait encore plus faible. Beaucoup de choses dépendent de la question de savoir si la deuxième étape de l’augmentation de la masse monétaire (quantitative easing) sera achevée l’année prochaine ou si elle sera prolongée. Il faut s’attendre à la seconde hypothèse si l’économie américaine ne redémarre pas. De toute façon, en 2011, la politique monétaire de la Réserve fédérale, c’est-à-dire l’ampleur de la création d’argent frais, aura une influence importante non seulement sur le cours du dollar mais sur le prix de l’or.

• Il est normal que les actions ban­caires européennes souffrent de la crise de l’euro. Même deux ans après le plus fort de la crise, le système bancaire n’est pas assaini. Les actions bancaires resteront un placement risqué tant qu’on ne saura pas quand et dans quelle mesure les établissements seront touchés par les restructurations de dettes dans la zone euro. Le secteur financier présente ainsi un risque également pour les marchés d’actions européens assez stables. Le fait que la Bourse allemande marche relativement bien est dû en partie à la pondération inférieure à la moyenne du secteur financier. D’ailleurs, la situation de la Banque nationale suisse est également peu réjouissante car elle possède une grande quantité de positions en euros. Si l’euro s’effondre, elle subira des pertes sensibles. Il lui reste à espérer qu’elle pourra les compenser par l’appréciation de ses réserves d’or. Les investisseurs de la zone euro qui possèdent une quantité d’or importante bénéficient d’une compensation du risque analogue. •

Source: Gold & Money Intelligence, no 358, décembre 2010–janvier 2011
(Traduction Horizons et débats)

http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=2472

miércoles, 29 de diciembre de 2010

CNN oculta los crímenes del imperio tras su falsa filantropía. Un espectáculo de terror

Blanca Montoya
Rebelión

Un espectáculo idéntico a la entrega de los Óscar fue producido por CNN para mostrar, el día de Navidad, su “reconocimiento” a la caridad de quienes tratan de aliviar sufrimientos que sus amos y patrocinadores causan en todo el mundo. CNN, encargada de ocultar los crímenes y saqueos del imperio mintiendo, manipulando la información y pervirtiendo el criterio de su audiencia presentó un nauseabundo espectáculo imperial como corolario de actividades en el que ingenuos, enajenados y demonios interactuaron para convencer a las audiencias de su “filantropía”.

La escena surrealista del rescate de los mineros chilenos que tuvo tres días completos de difusión en su momento, abrió el espectáculo. Se levantó el telón y los mineros avanzaron al proscenio del gran teatro, la audiencia compadecida se levantó a aplaudirles con lágrimas en los ojos. Fueron “héroes” por haber sobrevivido al accidente de una mina que no tenía medidas de seguridad, por soportar las prácticas esclavistas de los dueños de la mina y por presentarse como figuras de circo ante una burguesía que no se conmovió ante el golpe de Estado fabricado por Estados Unidos contra el gobierno legítimo de Salvador Allende que les había mejorado sus condiciones de trabajo y que provocó 30.000 muertos y 200.000 desaparecidos.

Bajo la fórmula de los “Top Ten” el presentador estrella Anderson Cooper presentó a estrellas de cine y celebridades como Marisa Tomei, Jerome Butler, Kiefer Sutherland, Renée Zellweger, Halle Berry y Demi Moore, con música de Bon Jovi, Tom Legend y Sugarland en los entreactos, para presentar a los nominados para el premio CNN “Heroe of the Year”.

El patrocinador oficial fue Johnson & Johnson y entre los anunciantes del maquiavélico espectáculo estaban laboratorios como Astra-Zeneca, Bristrol-Myers, Wyeth… Es decir, las multinacionales que acaparan el 58.4% del mercado mundial de farmacéuticas, valuado en 322.000 millones de dólares, el sector que tiene más ganancias netas de todos los rubros industriales del planeta. Son también los mayores productores de semillas transgénicas y agrotóxicos del mundo. Estas empresas forman parte de la asociación PhRMA (Pharmaceutical Research and Manufacturers of America) y ejercen su cabildeo en gobiernos y organizaciones internacionales como la Organización Mundial de la Salud y la OMC, logrando normativas que fortalecen sus derechos monopólicos y sus privilegios. Cancelan el derecho de las poblaciones de los países del Tercer Mundo a usar y producir las medicinas que necesitan. Erosionan y desarman los sistemas de salud autónomos de las comunidades para convertirlas en consumidoras obligadas de productos farmacéuticos comerciales.

Johnson & Johnson y otras corporaciones aportaron ocho millones de dólares para distribuir panfletos del tipo “Si usted es madre, PERDERÁ. Perderá su casa, a su familia, a sus hijos (¡los niños pertenecerán al Estado!)” para evitar que Hugo Chávez ganara la elección en Venezuela. Sus objetivos fueron campesinos, estudiantes, pequeños empresarios, etc. Métodos ya utilizados para sembrar el pánico entre los chilenos en 1973 y preparar el aplastamiento de Allende y la dictadura de Pinochet.

Johnson & Johnson es una de las empresas que están en la lista roja de Greenpeace porque contribuye a nuestra exposición diaria a tóxicos peligrosos a través de champús sin querer asumir la responsabilidad que tiene con la salud pública. Las principales cadenas de supermercados vietnamitas retiraron los champús infantiles de Johnson & Johnson después de que un estudio les acusara de contener trazas de componentes cancerígenos, (“Than Nien News”). Un informe de la asociación estadounidense Campaign for Safe Cosmetics (CSC), alertó de que 28 de los 48 productos de baño examinados contenían dioxano y formaldehído, considerados cancerígenos por el Instituto Nacional estadounidense del Cáncer.

Dentro de la trayectoria de otras empresas anunciantes del macabro espectáculo como AT&T, Exxon Mobil, Mercedes Benz, Procter and Gamble y Audi encontramos también las perversiones capitalistas que provocan los sufrimientos que estos “héroes de CNN” tratan de aliviar, pero CNN oculta que las corporaciones que patrocinaron su espectáculo imperial son las causantes de la pobreza, la desigualdad, la injusticia y el crimen. Entre aplausos de pie, pucheros y lágrimas de una audiencia que se sometió al diseño de los think thanks para que les programen los pensamientos y los sentimientos fueron presentando a:

- Macnus Macfarlane-Barrow, un escocés que tiene un programa de casas de alimentación en las que se le da de comer a 400.000 personas en 15 países. Este hombre, gracias a CNN, no sabe que el imperio británico colonial contribuye al hambre de 800 millones de personas en el mundo.

- Susan Burton, ex prisionera, tiene un programa para ayudar a las mujeres estadounidenses que salen de prisión ofreciéndoles un espacio para que encuentren una rehabilitación. Ha recibido a 400 mujeres. Esta mujer ignora que la droga, la delincuencia y la situación de las cárceles en Estados Unidos está alimentado por un sistema de desigualdad e injusticia que CNN difunde y promociona.

- Harmon Parker construye puentes en Kenia para que la gente no se ahogue al pasar por lugares que frecuentemente se inundan. CNN no ha informado a este hombre de que el capitalismo heredado del colonialismo británico y celosamente protegido por los Estados Unidos cada vez que asoma la posibilidad de implantar el socialismo, ha reducido a Kenia a la barbarie. Ni que la CIA ha "desaparecido" a la izquierda en ese país.

- Guadalupe Arizpe de la Vega, mexicana y esposa de un prominente empresario tiene siete hospitales y 32 clínicas que atienden gratuitamente a heridos por la violencia y a mujeres que van a dar a luz cuando no poseen recursos para pagar los servicios de salud. Ahora vive en el Paso, Texas, adonde tuvo que mudarse por la violencia creciente en Ciudad Juárez, lugar en el que residía. Por supuesto las causas de ese problema no son tema para CNN.

- Narayan Krishna, un chef que abandonó su trabajo en Suiza y se fue a la India para fundar Akshaya Trust en 2003. Desde entonces se ha dedicado a cocinar 1.2 millones de comida desayuno, comida o cena a los que no tienen hogar principalmente a ancianos. Esos ancianos que son abandonados a su suerte por el cruel sistema capitalista de los amos de CNN que se niegan a ofrecer garantías de supervivencia a estas personas.

- Aki Ra, ex soldado de Camboya, se dedica a quitar las minas que él y los soldados pusieron causando la muerte y la mutilación en tiempos de la guerra y hasta la fecha. Él y su equipo han quitado alrededor de 50.000 minas y tienen además un hospital que atiende a huérfanos. CNN no cuenta que Henry Kissinger, asesor de su gobierno y "Premio Nobel de la Paz", dio su apoyo a los jemeres rojos que minaron los campos de Camboya, desplazaron multitudes y asesinaron a dos millones de personas.

- Linda Fondren ha desatado una cruzada contra la obesidad. Tiene un programa gratuito de ejercicios y dietas, además de convencer a los restaurantes de que hagan comidas que no contribuyan a la obesidad. CNN promueve transnacionales de alimentos chatarra como McDonalds y una ideología que justifica cualquier acto contra la salud con tal de beneficiar al capital.

- Dan Wallrath, tejano, construye casas a militares mutilados que regresan de la guerra y se las regala. De 2005 a la fecha ha construido cuatro casas y tiene cinco en construcción. Wallrath presentó a uno de los militares mutilados recitando lo que CNN le ha insertado en el cerebro: “está así porque fue a luchar por nosotros”, le ha ocultado que esos soldados fueron a la guerra para que la oligarquía imperial se apropiara y controlara los recursos de Iraq y Afganistán.

- Evans Wadongo inventó una linterna solar a través de la cual los niños y niñas de Kenia pueden hacer sus tareas como una forma de contribuir a la educación y de minimizar la pobreza de no tener acceso a la electricidad. El agua de los glaciares del monte Kenia y las lluvias, principales fuentes de agua y electricidad de la nación, no están exentas de los efectos del cambio climático, del cual los principales responsables son los amos de CNN. Pero además el agua en Kenia es más cara que la Coca Cola, ésta como otras transnacionales se apropian de este recurso que cada vez es más escaso para los kenianos.

- Anuradha Koirala de Nepal rescata a niñas que son víctimas del tráfico de menores, violaciones, abusos sexuales y prostitución en la frontera de Nepal e India. Las rescata, les provee de hogar, educación, tratamiento médico y psicológico y asesoría legal. CNN no informa de que la ideología capitalista en la cual el dinero es más importante que lo humano, promueve que se cometan este tipo de crímenes.

Y el ganador es… Anuradha Koirala. La audiencia burguesa con caros atuendos se levantó de las sillas de terciopelo sin poder contener el llanto y aplaudió de pie; la ganadora también derramó lágrimas de agradecimiento al haber sido premiada por CNN.

No voy a cuestionar el humanismo o la voluntad de ayuda al prójimo de estas personas. Tampoco el bien que hayan hecho. Sin embargo, resulta patético que sean utilizados, probablemente sin saberlo, para lavarle la cara al sistema y a los regímenes depredadores, principales causantes de los sufrimientos que ellas tratan de aliviar prestándose a este espectáculo criminal en el que CNN se promueve como filántropo. Es criminal porque enajena a millones de cerebros de la realidad. Todos en ese gran recinto teatral fueron, sabiéndolo o no, protagonistas de una grotesca obra de terror: zombis que aplauden a un verdugo que acuchilla por la espalda y lloran de emoción ante los espontáneos que ayudan al herido cuando el agresor los premia.

CNN satisfizo las necesidades psicológicas de una audiencia televisiva de millones dando información falsa, emocionándola, brindándole identidad, integrándola socialmente y evadiéndola de la realidad. Ocultó la verdad y brindó una imagen falsa de lo que este medio representa para el mundo: la mentira, la enajenación y el ejército comunicacional que protege los intereses corporativos que asesinan y saquean los recursos de las poblaciones.

Rebelión ha publicado este artículo con el permiso de la autora mediante una licencia de Creative Commons, respetando su libertad para publicarlo en otras fuentes.

rCR

http://rebelion.org/noticia.php?id=119423

viernes, 24 de diciembre de 2010

Wikileaks: Documentos de Israel. Cable sobre la venta de bombas antibúnker

Cable sobre la venta de bombas antibúnker

En 2009 funcionarios israelíes y estadounidenses acuerdan que la venta se haga sigilosamente para que no se acuse a EE UU de ayudar a Israel en su ataque a Irán

ID:235359
Date:2009-11-18 14:30:00
Origin:09TELAVIV2500
Source:Embassy Tel Aviv
Classification:SECRET
Dunno:
Destination:VZCZCXRO1498
OO RUEHROV
DE RUEHTV #2500/01 3221430
ZNY SSSSS ZZH
O 181430Z NOV 09
FM AMEMBASSY TEL AVIV
TO RUEHC/SECSTATE WASHDC IMMEDIATE 4258
INFO RUEHXK/ARAB ISRAELI COLLECTIVE PRIORITY
RUEKJCS/JOINT STAFF WASHDC PRIORITY
RUEKJCS/SECDEF WASHDC PRIORITY
RHEHNSC/NSC WASHDC PRIORITY

S E C R E T SECTION 01 OF 02 TEL AVIV 002500

SIPDIS

E.O. 12958: DECL: 11/17/2019
TAGS: PREL, PGOV, MOPS, PTER, EG, CH, IR, RU, SA, LE, TU, IS
SUBJECT: 40TH JOINT POLITICAL-MILITARY GROUP: EXECUTIVE
SESSION (PART 1 OF 4)

Classified By: A/DCM Marc Sievers, reasons 1.4 (b,d)

1. (S) Summary: During the Executive Session of the 40th
Joint Political Military Group (JPMG), U.S. and Israeli
counterparts continued discussion on the creation of four new
Qualitative Military Edge (QME) working groups. GOI
interlocutors continued to raise concerns regarding the F-15
sale to Saudi Arabia. Both sides agreed that continued
pressure be applied to Iran, especially following the
disclosure of the nuclear facility in Qom. GOI participants
expressed concern regarding Chinese and Russian cooperation
with respect to enhanced Iranian sanctions. The GOI also
raised dual citizenship concerns with respect to access to
sensitive technology, and noted from its perspective Turkey's
disturbing change of course toward Syria and Iran -- and away
from Israel. This is the first in four cables (septels)
reporting on the JPMG. End summary.

2. (SBU) Israeli Participants:

-- Brigadier General (res) Pinchas Buchris, MOD Director
General
-- Major General (ret) Amos Gilad, MOD Political-Military
Chief
-- Brigadier General Ronen Dan, acting Israeli Defense
Attache to the United States
-- Gad Dovev, Director, MOD Mission, New York
-- Alon Bar, MFA Deputy Director General for Strategic Affairs
-- COL Shimon Arad, IDF J5
-- Rami Yungman, MOD Political-Military Bureau
-- Schmuel Royter, Assistant to the MOD Director General

U.S. Participants:

-- Andrew Shapiro, Assistant Secretary of State, Bureau of
Political-Military Affairs
-- Luis Moreno, Deputy Chief of Mission, U.S. Embassy Tel Aviv
-- Dr. Colin Kahl, International Security Affairs, Deputy
Assistant Secretary of Defense
-- Brigadier General Jefforey Smith, Joint Staff
-- Prem Kumar, Director for Israeli, Palestinian, Egyptian
and Jordanian Affairs, NSC
-- Tom Goldberger, Director for Israel and Palestinian
Affairs, Bureau of Near Eastern Affairs
-- COL Richard Burgess, Defense Attache, U.S. Embassy Tel Aviv

Qualitative Military Edge
-------------------------

3. (S) The Executive Session continued discussion from the
September 30 Qualitative Military Edge (QME) meeting in
Washington. Both sides presented their primary points of
contact for the four newly proposed working groups focusing
on previous agreements, mitigation measures for the F-15 sale
to Saudi Arabia, technical mitigation issues, and
intelligence/policy. Agreement was reached to begin working
on the details of each working group's meeting schedule and
timeline.

4. (S) The GOI continued to express concern over the F-15
sale to Saudi Arabia. U.S. participants noted that the USG
is unable to provide more detailed information about the sale
until Saudi Arabia officially sends a Letter of Request
(LOR). The GOI expressed additional concerns about
stationing these new aircraft at Tabuk airfield in the
northwest corner of Saudi Arabia -- close to the Israeli
border. U.S. participants stated the USG understanding that
this should not be an issue, as the Saudis are considering
stationing new Typhoon aircraft at Tabuk. The GOI also
raised AMRAAM sales to Jordan; U.S. participants explained
that the new C-7 AMRAAM is an export version with
capabilities similar to the C-5 version -- and therefore
provides little to no increase in capabilities.

Iran, China and Russia
----------------------

5. (S) Both sides expressed concern over the recent
revelation regarding Iran's nuclear facility at Qom, and
agreed that increased pressure should be applied directly and
internationally against Iran in order to better determine
Tehran's motives and next steps. Both sides agreed that the
facility at Qom should be inspected immediately. One member
of the Israeli delegation expressed the opinion that some
consideration be given to "shutting Qom operations down
completely" to prevent further progress on obtaining a
nuclear weapon. That said, the GOI argued that the
international community not become bogged down on the Tehran
Research Reactor (TRR) and Qom, thereby diverting focus from

TEL AVIV 00002500 002 OF 002

the bigger issue of Iran's nuclear program.

6. (S) Several questions were raised about China's position
on Iran's efforts to acquire a nuclear weapon. Both sides
agreed that continued engagement with China and Russia is
needed -- as well as building a consensus in Europe. The USG
speculated, and the GOI concurred, that China will follow
Moscow's lead. USG participants argued that China would seek
to avoid an international confrontation over Iran. The GOI
described 2010 as a critical year -- if the Iranians continue
to protect and harden their nuclear sites, it will be more
difficult to target and damage them. Both sides then
discussed the upcoming delivery of GBU-28 bunker busting
bombs to Israel, noting that the transfer should be handled
quietly to avoid any allegations that the USG is helping
Israel prepare for a strike against Iran.

7. (S) The GOI made the case for "crippling sanctions";
cooperation between the United States, Europe, Russia and
China will be necessary in order for these sanctions to be
effective. U.S. participants stressed the USG position that
any discussions with Iran on this subject be finite; the USG
will continue to monitor whether negotiations are making
progress. The GOI stated that it is not convinced the
Iranians will negotiate in good faith unless there are
visible and clear threats. U.S. delegation members described
eight lanes of sanctions, and outlined a plan to "pivot to
apply appropriate pressure" on those points and tracks that
have the most impact. U.S. participants concurred that 2010
is a critical year -- but the continued application of
pressure is vital.

8. (S) Regarding Russia, the GOI was not confident that
Moscow will be helpful in any Iranian sanctions effort -- GOI
participants opined that Russia is considered a "mystery"
with respect to their views on Iran. The GOI raised the
Russian S-300 sale to Iran, noting that the transfer is still
pending. GOI participants argued that Moscow seeks a return
to superpower status, but there are contradictory trends
regarding Russia's internal condition.

Dual Citizenship Issues
-----------------------

9. (S) The GOI raised the issue of dual citizenship within
the context of access to sensitive technology. U.S.
participants acknowledged Israeli concerns, noting that the
issue is being worked at the highest levels of the USG to
reach consensus on how to proceed. The GOI recommended
obtaining a waiver similar to the relationship from which
Canada or Australia benefit.

Turkey
------

10. (S) The GOI raised the current direction the Government
of Turkey has taken toward Syria and Iran -- and away from
Israel. Israeli participants argued that Turkey has been
supportive of Hamas in Gaza while pursuing a more "Islamic"
direction with the goal of becoming a regional superpower.
The GOI argued that the Turkish military is losing its
ability to influence government decisions and strategic
direction. After this past year, GOI participants said they
have a "bad feeling" about Turkey. The GOI noted that the
Israel Air Force (IAF) Commander in the past wanted to speak
to the Turkish Air Force Commander, but his Turkish
counterpart declined.

11. (U) A/S Shapiro has cleared on this cable.
CUNNINGHAM

http://www.elpais.com/

Assange difundirá miles de secretos sobre Israel

El editor de Wikileaks niega tener un pacto con el Gobierno israelí. Atribuye la falta de despachos sobre el Estado judío a los cinco diarios que tienen la exclusiva

EUGENIO GARCÍA GASCÓN Corresponsal en Jerusalén 23/12/2010 11:04

El informático australiano Julian Assange, fundador de Wikileaks, aseguró ayer a la televisión árabe Al Yazira que no hay contacto ninguno entre su organización e Israel, ni ningún acuerdo entre las dos partes que esté frenando la publicación de despachos comprometidos sobre el Estado judío, y prometió que sacará a la luz miles de documentos secretos comprometedores para el Gobierno israelí.

Assange replica así a las informaciones que sugieren que Wikileaks está evitando publicar cables que ponen en cuestión la política de Israel, afirmaciones atribuidas a ex miembros de Wikileaks que han dejado la organización por desacuerdos con el fundador. Según Assange, en total existen unos 3.700 documentos relacionados con Israel, de los que unos 2.700 son de la embajada estadounidense en Tel Aviv. El resto se originaron en otras capitales, por ejemplo “en la embajada de EEUU en París, cuando el primer ministro Binyamín Netanyahu visitó ese país”.

Assange niega tener un pacto con Israel, pero dice que le consta que el servicio de inteligencia israelí, el Mosad, sigue muy de cerca todo lo relacionado con las filtraciones. Algunos medios de comunicación han mostrado su sorpresa porque los cables que se han publicado refuerzan la visión de un Israel estrechamente aliado con algunos países árabes con los que teóricamente no mantiene relaciones y en contra de Irán. Otros muestran una imagen positiva del Estado judío.

Sólo un 1% o 2% del total
En la entrevista con Al Yazira, Assange señala que lo que se ha publicado hasta ahora apenas representa un 1% o 2% del material, y atribuye el que no hayan salido despachos comprometedores para Israel al hecho de que sean los periódicos que están publicando el material los que eligen qué se publica y cuándo, y estos periódicos son también los que deciden acerca de la “importancia” de lo que publican:

“Hemos dependido hasta ahora de los grandes cinco periódicos del mundo y lo que ha sido publicado hasta la fecha refleja los intereses de estos diarios, como The Guardian, El País y Le Monde, pero no lo que consideramos importante. Así que vamos a difundir todos los documentos que tenemos. Esto tardará cuatro o seis meses”.

Assange subraya la existencia de despachos inéditos sobre la invasión israelí de Líbano de 2006 y sobre el asesinato del dirigente de Hamás en el exilio Mahmud al Mabhuh en enero de 2010, y los pasaportes que usaron los agentes del Mosad que lo mataron en un hotel de Dubai.

Aquella invasión de Líbano se inició después de que las milicias de Hizbulá realizaran una incursión puntual en la frontera del norte de Israel y mataran a tres soldados. La brutal respuesta se prolongó varias semanas y se cobró la vida de un millar de libaneses, en su mayoría civiles, además de causar gran destrucción. Para ello Israel contó con el apoyo explícito de la Administración del presidente George Bush.

En cuanto a Mabhuh, viajó desde Damasco a Dubai y se alojó en un hotel donde le esperaban hombres y mujeres de negocios que lo asesinaron en su habitación. Esos presuntos agentes del Mosad usaron pasaportes de varios países occidentales que posteriormente protestaron débilmente ante Israel.

Revelaciones sobre EEUU
Por otra parte, en declaraciones al diario O Estado de Sao Paulo, Assange dijo que guarda material de “impacto” sobre EEUU. “Tenemos muchas revelaciones guardadas que tendrían un impacto político muy grande para los gobiernos de Estados Unidos y de otros países, pero continuaremos con nuestro trabajo de forma normal”.

Assange considera “alarmante” que mucha gente piense que se debe perseguir a Wikileaks como si fuera Osama bin Laden. “Simplemente se ha revelado lo que antes no se veía” y se ha desvelado, entre otros asuntos, “la falsedad de la retórica de Estados Unidos sobre la libertad de prensa en China” y en otros países. “Los valores americanos han sido arrojados a la basura”, concluye el fundador de Wikileaks.

http://www.publico.es/....assange-difundira-miles-de-secretos-sobre-israel

Assange cree que si es extraditado a EEUU será asesinado

El fundador de Wikileaks sostiene que sería "políticamente imposible" para Londres entregarlo a EEUU y pide el apoyo de la población

EFE Londres 24/12/2010

El fundador del portal WikiLeaks, Julian Assange, que está en libertad condicional en el Reino Unido mientras continúa su proceso de extradición a Suecia, cree que sería "políticamente imposible" para Londres entregarlo a EEUU, donde, afirma, hay una "gran posibilidad" de que le maten.

En declaraciones que publica hoy el diario "The Guardian", el australiano se muestra convencido de que al Reino Unido le sería muy difícil extraditarlo a EEUU si contase con un fuerte apoyo de la población, ya que es el Gobierno británico quien tiene la última palabra.

El fundador de WikiLeaks, de 39 años, no descarta que las autoridades de EEUU soliciten su extradición para ser sometido a un proceso legal por supuesto espionaje en relación con la filtración por parte del portal de miles de documentos confidenciales del Gobierno estadounidense.

Assange vive en la mansión de un amigo en Suffolk (en el este inglés) bajo estrictas condiciones de libertad condicional impuestas por la Justicia británica mientras continúa el proceso de su extradción a Suecia, país que le quiere interrogar sobre las supuestas agresiones sexuales a dos mujeres suecas el pasado agosto.

"Es una cuestión política. Podemos presumir que haya un intento de influir en la opinión política del Reino Unido", dijo.

"Legalmente, el Reino Unido tiene el derecho de no extraditar por delitos políticos. El espionaje es un caso clásico de delito político. Es discreción del Gobierno del Reino Unido si aplica esa excepción", resaltó el director de WikiLeaks.

También cree que si es extraditado a EEUU, hay una "gran posibiLidad" de que le maten al estilo "Jack Ruby", en referencia al hombre que asesinó a Lee Harvey Oswald antes de que pudiera ser juzgado por el asesinato del presidente de EEUU John F. Kennedy en 1963.

La próxima vista del proceso de extradición a Suecia del fundador de WikiLeaks está prevista para el 11 de enero en el tribunal de Westminster (Londres).

domingo, 12 de diciembre de 2010

Una guardia anónima defiende Wikileaks

"Yes we leak"La heterogeneidad del colectivo Anonymous hace que sea un rival difícil de combatir, dicen los expertos

Tras una semana tumbando páginas web, los miembros de Anonymous han decidido tomarse un respiro en su cruzada en defensa de Wikileaks y Julian Assange. Este colectivo, que ejerce su activismo político a tiempo parcial, detuvo ayer sus ataques a sitios de empresas y políticos para, según anunciaron, escuchar sugerencias sobre las armas a usar en sus próximas ofensivas. Detrás de esta pausa en la acción también está la propia naturaleza de este movimiento difícil de clasificar.

La teoría clásica sobre el poder sostiene que todo colectivo debe tener un mínimo de organización y jerarquía. Hasta las ancestrales bandas prehistóricas necesitaban de un caudillo para sobrevivir como grupo. Pero Anonymous, que se ha hecho famoso ahora tras atacar las páginas de Visa o Mastercard, lleva actuando desde 2006 sin necesidad de jefes y sin más organización que la que puede ofrecer una charla en un chat. Sin embargo han podido dejar fuera de combate, al menos parcialmente, las webs de las dos principales entidades emisoras de tarjetas, la de un banco suizo o la de PayPal, la principal plataforma de pagos de internet.

En septiembre hicieron lo mismo con las de la SGAE o el Ministerio de Cultura. El jueves lo intentaron de nuevo contra Amazon, la librería on-line. Según dijeron ellos mismos, necesitaban 5.000 personas enviando desde sus ordenadores peticiones de forma simultánea y continuada a la web para que sus servidores cayeran exhaustos (es lo que en seguridad informática se llama ataque de denegación de servicio o DDoS, por sus siglas en inglés). Pero el ataque fracasó.

"Hay disensiones"

En una inesperada nota de prensa que dieron a conocer el viernes, los miembros de Anonymous ofrecieron las razones de sus recientes acciones, incluida la fallida contra Amazon. "Tanto Anonymous como los medios que están siguiendo sus acciones han constatado que hay disensiones entre los individuos del colectivo. Esto, sin embargo, no significa que la estructura de mando de Anonymous esté fallando por una simple razón: Anonymous tiene una estructura de mando muy laxa y descentralizada, que funciona sobre ideas más que directrices".

Sin tener en cuenta esta acefalia y organización en red no se puede entender lo que es Anonymous. Los escasos miembros del colectivo que han hablado ni son cabecillas ni se definen como portavoces o representantes. Solo han explicado, y sin demasiados detalles, cómo actúan. Aunque nacieron en foros de internet como 4Chan, se coordinan por medio de charlas en el IRC (Internet Relay Chat, el primer sistema de mensajería instantánea). Hablan y, casi por empatía, deciden qué hacer. Al menos, así está siendo en esta campaña de contraataque contra todo aquel que ataque a Assange o a Wikileaks.

"La suya es una forma de actuar anárquica. Nos cuesta entenderlos", explica el director técnico de Panda Labs la principal empresa de seguridad española Luis Corrons, también miembro del Consejo Nacional Consultor sobre Ciberseguridad. "La sociedad está organizada con jerarquías, pero aquí las decisiones se toman sobre la marcha", añade.

Anonymous también reconoce su peculiaridad. "No creemos que haya un movimiento similar en el mundo hoy y, por eso, tenemos que aprender mediante ensayo y error", asegura este colectivo en su comunicado. Los posibles problemas de esta falta de jerarquía se acrecientan, además, a medida que se unen más personas al movimiento. Pero unirse a Anonymous no significa darse de alta ni hacerse un carnet del partido. Cualquiera puede hacerlo con descargar un programa (LOIC) que permite lanzar peticiones masivas desde el ordenador y de forma coordinada con otros. Casi 50.000 personas se lo han descargado en los últimos días. Este ejército de voluntarios es el que realmente ha echado abajo la web de PayPal, no Anonymous. "Es el punto débil y a la vez fuerte de Anonymous", sostiene Corrons. "No hay una cabeza que puedas descabezar pero les puede costar coordinarse y, en algunas acciones, generar escisiones", completa.

Algo como eso debió de pasar el viernes. Al tiempo que lanzaban su penúltimo ataque, esta vez contra la página de procesamiento de pagos Moneybookers, anunciaban que detenían los ataques DDos y ponían en marcha la operación Leakspin. Ahora el objetivo es acabar con la intermediación de los periódicos que recibieron de Wikileaks los cables de las embajadas de EEUU. Apenas han sido publicados 1.300 de los 251.000 que hay en los servidores de Wikileak. Anonymous quiere redistribuir esa ingente cantidad de información. Como dicen en el anuncio de cambio de estrategia, "ellos no temen a LOIC, temen la publicidad".

Contra la EFF
En el freno a los ataques DDoS contra webs financieras y políticas también ha pesado el descontrol propio de un movimiento tan espontáneo como este. Dos detalles ayudan a revelar el miedo del núcleo duro de Anonymous a que las cosas se desmanden. Ayer, la web de la Fundación Fronteras Electrónicas (EFF), pionera de la defensa de los ciberderechos, sufrió un ataque DDoS. El hecho sucedió después de que John Perry Barlow, confundador de EFF, criticara estos ataques por ir contra el espíritu libre y abierto de la red y por perjudicar la causa de Wikileaks. Desde Panda Labs, Corrons da otro detalle. "Un delincuente informático nos dijo que tenía 30.000 ordenadores zombi a su disposición para unirse al ataque", cuenta. El riesgo a ver dañada su imagen de vigilantes de la libertad de la red puede haber pesado en Anonymous.

Los ataques como los protagonizados por este colectivo, además, son delito en muchos países. En España, como recuerda el abogado Carlos Sánchez Almeida, no lo será hasta el 23 de diciembre próximo. "Con la entrada en vigor de la reforma del Código Penal, será tipificado como delito de daños informáticos".

Días que cambiaron la cibermilitancia





------------------





viernes, 10 de diciembre de 2010

Ex empleados de Assange preparan una nueva web y un libro con secretos de Wikileaks

La plataforma, que verá la luz a mediados de diciembre, permitirá a los internautas compartir información bajo la condición de anonimato

ÓSCAR GUTIÉRREZ - Madrid - 09/12/2010

Daniel Domscheit-Berg fue Daniel Schmitt ante los medios de comunicación como portavoz y segundo hombre al cargo de Wikileaks. Y al igual que el fundador y máximo responsable de la web de filtraciones, el australiano Julian Assange, mantuvo con escrupuloso celo el secreto en torno a su figura al ocultar su apellido e incluso su edad -tiene 32 años-, como comprobó este periódico durante una entrevista en abril. Un par de meses después de abandonar Wikileaks por discrepancias con Assange, este informático alemán ha anunciado que a mediados de diciembre lanzará junto a otros antiguos empleados de la web una página similar para la revelación de información confidencial.

"Los documentos tienen que ser accesibles a tanta gente como sea posible", ha explicado Domscheit-Berg al rotativo germano Die Tageszeitung muy en línea con los argumentos que esgrimió para justificar su salida de Wikileaks. Según recogió entonces el semanario Der Spiegel, uno de los cinco medios junto a EL PAÍS que ha podido leer y analizar los más de 250.000 cables de la última filtración masiva lanzada por Assange, Domscheit-Berg dejó su puesto como portavoz desde Alemania y responsable de las finanzas porque "no todo el trabajo se hacía correctamente". El entonces número dos de Wikileaks achacó a Assange una excesiva fijación con Estados Unidos.

Estudiante de historia

Junto a Domscheit-Berg trabaja en la nueva plataforma web el estudiante de historia islandés y también ex empleado de Wikileaks , Herbert Snorrason. "Queremos lanzar un proyecto diferente" ha explicado este joven de 25 años a France Presse. "Nosotros no publicaremos los documentos, seremos más bien un centro donde la gente pueda enviar sus informaciones sin que revelen su identidad". Es decir -a falta de más detalles-, una suerte de YouTube de documentos delicados, un contenedor online de filtraciones a la que puedan acceder los internautas.

Snorrason, que como el resto de implicados en esta nueva corriente de ciberactivismo de corte anarquista -así se define el joven islandés- responde con cautela a cualquier solicitud de información, es como Domscheit-Berg uno de los disidentes de Wikileaks. Pese a ello -y pese a las palabras poco amables hacia Assange que dejó en Twitter a su marcha-, Snorrason ha descartado que la nueva web nazca para "rivalizar" con Wikileaks o "atacar" al ex hacker australiano.

No obstante, las críticas al funcionamiento de Wikileaks y las maneras de Assange no tardarán en volver a hacer sombra a sus filtraciones. La editorial alemana Econ Verlag ha adelantado que el libro Inside Wikileaks saldrá a la venta bajo la firma de Domscheit-Berg el próximo 27 de enero (la versión en inglés tardará un poco más que su inicial en alemán). El subtítulo: Mi época en la web más peligrosa del mundo. En fin, revelará algunos de los secretos del interior de un nido mayúsculo de secretos.

http://www.elpais.com/

Diccionario para hacerse el listo entre hackers y ciberguerras

Por: Delia Rodríguez

Guerra semántica en las redacciones de todo el mundo. Unos tíos llamados Anonymous van y tumban las páginas corporativas y las plataformas de seguridad en las transacciones online de algunas de las empresas financieras más serias del mundo. Se llaman Mastercard, Visa o PayPal, así que hay que darlo bien gordo y bien arriba. Hasta ahí bien. El problema llega cuando hay que titularlo. ¿Cómo llamamos a esos tipos? ¿Hackers, activistas, internautas, geeks, piratas, fans, filibusteros, milicia, ciudadanos, antisistemas, grupo, organización? Todos han optado por alguno de esos trajes, pero ninguno le sienta bien a lo ocurrido ni en inglés ni en español. O le queda grande o pequeño o le chirrían los colores. Anonymous, claro, se ha muerto de risa con lo ocurrido.

Todos han sufrido el problema y es normal. Ningún término puede describir en una palabra al enemigo porque luchar contra una colmena es algo nuevo. Tampoco ha habido éxito describiendo la pelea: guerra, guerrilla, batalla, revolución, movilización, protesta, vandalismo, ataque, escaramuza o la que más guste al redactor jefe + el prefijo 'ciber'. Mientras a alguien se le enciende la lucecita y rescata un latinajo (en serio: The Economist lo ha intentado con "democracia ateniense" y The Examiner con "hydra"), este es un pequeño diccionario para hablar con propiedad de lo-que-sea que esté pasando:

Hacker: es el superhéroe con extraordinarios conocimientos técnicos de seguridad informática. Idealizados por el cine, desde la invención del término han evolucionado y en la actualidad están bastante bien adaptados al sistema (Marck Zuckerberg podría considerarse uno de ellos). En teoría poseen un código moral, la famosa ética hacker, que defiende valores como la meritocracia, la búsqueda de la excelencia intelectual o la transparencia que han acabado siendo también valores inherentes a internet. Julian Assange es la quintaesencia del hacker, tanto por ideología como por conocimientos: ha renegado de su pasado de hacker juvenil, pero sólo un hacker haría público un fichero encriptado con su "seguro de vida". Sin duda hay muchos hackers en Anonymous, pero la mayor parte de ellos no son miembros de esta élite intelectual sino tropa. Cualquier oficinista puede hacer un ataque DDOS sin demasiados conocimientos. Llamarlos hackers es, como bien dicen en Anonymous, como llamar a los friegaplatos "ingenieros en higienización de utensilios de restauración".

Ciberactivista: ser hacker no está al alcance de cualquiera, pero sí el activismo ideológico a través de la red. Describir lo que hace Anonymous sólo con esa palabra resulta tan reduccionista como exagerado 'hacker'. Además de discutible porque existe cierta violencia en sus actos y el ciberactivismo es de tradición pacífica. De hecho existe un gran debate en la red sobre si el uso de los ataques DDOS como arma está justificado o si todo depende del fin. ¿Es activismo lanzar pedradas a los sistemas informáticos de las empresas o pasa ya a otra categoría? Tampoco encaja denominar así a un grupo con unos objetivos tan difusos y gamberros como Anonymous, que hoy lucha contra la censura y ayer contra los modernos o contra Justin Bieber. ¿Es correcto utilizar la misma palabra para un miembro de 4chan que para la activista cubana Yoani Sánchez o un bloguero chino que se juega la vida? Si alguien les pregunta por sus ideales se arriesga a que le respondan "I did it for the lulz" (una broma intraducible que sólo entienden los iniciados). El prefijo "ciber" también es discutible, porque esa no-ideología difusa la comparten millones de personas en el mundo real y limitarlo a internet es una forma de quitarle valor. Además, a veces Anonymous ha realizado acciones fuera de la red como cuando se pusieron a gritar con megáfonos el final del nuevo libro Harry Potter en la cola de una librería la noche de su lanzamiento.

Pirata. Es la persona que, junto con otras de igual condición, se dedica al abordaje de barcos en el mar para robar. Se ha abusado de esta palabra en los medios para describir a los que copian material informático o audiovisual o realizan descargas de internet, a pesar de que esto último no es ningún delito en España (de momento). Nada que ver con los Anonymous.

/b/astard. Los "bastardos" son los habituales de /b/, el subforo dentro de 4chan que tan mala -o buena- fama da al segundo foro más grande del mundo, criadero de memes y foco de cultura popular de la red. Nadie utiliza su nombre, ya que el anonimato es una de sus grandes tradiciones, sólo comparable con el trolleo sistemático de todo lo que se mueve y la falta absoluta de moderación. Su fundador es Moot, veinteañero, troll supremo, rey del laisez faire y anterior hombre del año de Time gracias a unas votaciones apañadas por sus bastardos. De 4chan surgió Anonymous y muchos de sus miembros son habituales, pero no todos los miembros de /b/ son Anonymous. De hecho, también les zurran en el foro por pesados. Seis millones de personas son habituales de 4chan, pero ha permanecido tan desconocido hasta ahora que incluso se hacen entrevistas a sus miembros (¿?). Conservan su vocabulario y su forma de hacer propaganda.

Ciberguerra. Las ciberguerras existen, pero como un arma más dentro de las estrategias bélicas de los países. Ya las ha habido en Estonia, en Georgia, en Siria o en Irán; Europa y EEUU poseen políticas al respecto y, como las guerras, van de países y ejércitos. Sin embargo "con el episodio de Wikileaks, se han desequilibrado, implican a actores civiles y la acción de Anonymous se puede asemejar a la de la contra-insurrección, como tantas minas fuera de la carretera dispuestas alrededor de la administración americana. Vehículo hasta aquí, internet se ha convertido ahora en el campo de batalla, en el objetivo. La guerra tecnológica ya no es más un adjetivo que califica el ataque: es el objeto", resumen en Owni. Muchos, incluso dentro de Anonymous, consideran que en todo caso se trata de una guerra de información (infowar) y no de una ciberguerra. La nueva Operación Leakspin, que parece surgir de la Operación Payback, llama a la lucha a través de la información aún sepultada dentro de las revelaciones de Wikileaks.

Coolblood y el adolescente holandés. Hay un detalle que muchos medios no han entendido de Anonymous y es que... es anónimo. No hay cabecillas, ni líderes, ni portavoces. Ni siquiera se sabe qué Twitters podrían ser oficiales, si es que esa palabra puede usarse. Bien pensado podrían serlo todos. Anonymous es tu sobrinito de 16 años, tu compañero de cubículo o tú mismo, que estás un poco harto de todo y sabes instalar un programa y seguir instrucciones. Hoy sí y manaña no, en cualquier país y por cualquier causa. Ni siquiera hace falta a estas alturas saber qué es 4chan. Cuando alguien ha salido a la palestra a hablar de Anonymous en algún medio porque lo han encontrado en el chat de la organización (como el ya famoso Coolblood) por lo general lo único que ha hecho ha sido repetir consignas sabidas (que si somos la conciencia de la red, que si somos legión), ideas plasmadas en panfletos, o remitirse a su mitología anarquista (V de Vendetta, el Club de la Lucha, etc.). Por la misma razón, creer que el culpable es un sólo chaval holandés es absurdo.


http://blogs.elpais.com/..../2010...diccionario-hackers-ciberguerras.html

La disparition des Etats-Unis en tant que superpuissance mondiale

Article placé le 10 déc 2010, par Mecanopolis

Un atterrissage en douceur pour les Etats-Unis d’ici quarante ans ? N’y pensez pas ! La disparition des Etats-Unis en tant que superpuissance mondiale pourrait survenir bien plus vite que ce que l’on imagine. Si Washington rêve de 2040 ou de 2050 comme date de fin pour le « Siècle Américain », une estimation plus réaliste des tendances aux Etats-Unis et dans le monde laisse penser qu’en 2025, exactement dans 15 ans, tout pourrait être pratiquement terminé.

Malgré l’aura d’omnipotence que la plupart des empires projètent, un regard sur leur histoire devrait nous rappeler que ce sont des organismes fragiles. L’écologie de leur pouvoir est si délicate que lorsque les choses commencent à aller vraiment mal, les empires se désagrègent généralement à une vitesse incroyable : juste une année pour le Portugal, deux années pour l’Union Soviétique, 8 pour la France, 11 pour les Ottomans, 17 pour la Grande-Bretagne et, selon toute vraisemblance, 22 ans pour les Etats-Unis, à partir de la cruciale année 2003.

Les futurs historiens identifieront probablement l’invasion irréfléchie de l’Irak par l’administration de George W. Bush, cette année-là, comme le commencement de la chute de l’Amérique. Cependant, à la place du bain de sang qui a marqué la fin de tant d’empires du passé, avec des villes qui brûlent et des civils massacrés, cet effondrement impérial du 21ème siècle pourrait survenir de façon relativement discrète, par les circonvolutions invisibles de l’effondrement économique ou de la guerre cybernétique.

Mais n’ayez aucun doute : lorsque la domination mondiale de Washington prendra irrémédiablement fin, il y aura des souvenirs quotidiens douloureux de ce qu’une telle perte de pouvoir signifie pour les Américains de tous les milieux. A l’instar de ce qu’une demi-douzaine de nations européennes ont découvert, le déclin impérial tend à avoir un impact remarquablement démoralisant sur une société, apportant ordinairement des privations économiques pendant au moins une génération. Au fur et à mesure que l’économie se refroidit, la température politique monte, déclenchant souvent de sérieux troubles.

Les données économiques, éducatives et militaires disponibles indiquent, pour ce qui est de la puissance mondiale des Etats-Unis, que les tendances négatives s’accumuleront rapidement d’ici à 2020 et atteindront probablement une masse critique au plus tard en 2030. Le Siècle Américain, proclamé si triomphalement au commencement de la Deuxième Guerre Mondiale, sera réduit à néant et s’éteindra d’ici à 2025, dans sa huitième décennie, et pourrait être relégué définitivement au passé d’ici 2030.

Fait révélateur, en 2008, la Commission Nationale Américaine des Renseignements [US National Intelligence Council] a admis pour la première fois que la puissance globale des Etats-Unis suivait vraiment une trajectoire déclinante. Dans l’un de ses rapports périodiques sur le futur, Global Trends 2025 [Tendances Mondiales 2025], cette commission a cité « le transfert brutal de la richesse mondiale et de la puissance économique, actuellement en cours, de l’Ouest vers l’Est », et « sans précédent dans l’histoire moderne », comme premier facteur du déclin de la « force relative des Etats-Unis – même dans le domaine militaire ». Toutefois, comme beaucoup à Washington, les analystes de cette commission ont anticipé un atterrissage très en douceur et très long de la prééminence mondiale américaine, et ils ont nourri l’espoir que d’une façon ou d’une autre les Etats-Unis « garderaient longtemps une capacité militaire unique… afin de projeter leur puissance militaire sur le monde » pour les décennies à venir.

Pas la moindre chance ! Selon les projections actuelles, les Etats-Unis se retrouveront en deuxième position derrière la Chine (déjà deuxième économie mondiale) en terme de production économique, aux alentours de 2026, et derrière l’Inde d’ici à 2050. De même, l’innovation chinoise suit une trajectoire qui conduira la Chine au leadership mondial en science appliquée et en technologie militaire entre 2020 et 2030, juste au moment où les nombreux scientifiques et ingénieurs brillants de l’Amérique actuelle prendront leur retraite, sans pouvoir être adéquatement remplacés à cause d’une nouvelle génération mal instruite.

D’ici 2020, selon les prévisions actuelles, le Pentagone se lancera dans un va-tout militaire d’un empire mourrant. Il lancera une triple couverture spatiale létale, constituée de robotique avancée et qui représente le dernier meilleur espoir de Washington de maintenir son statut de puissance mondiale, malgré son influence économique déclinante. Toutefois, dès cette année-là, le réseau mondial de satellites de communication de la Chine, soutenu par les super-ordinateurs les plus puissants du monde, sera également entièrement opérationnel, procurant à Pékin une plate-forme indépendante pour la militarisation de l’espace et un puissant système de communication pour ses missiles – ou attaques cybernétiques – dans tous les endroits de la planète.

Enveloppée dans sa prétention démesurée impériale, comme Whitehall ou le Quai d’Orsay avant elle, la Maison Blanche semble toujours imaginer que le déclin américain sera progressif, modéré et partiel. Dans son Adresse à l’Union en janvier dernier, le Président Barack Obama a donné la garantie qu’il « n’accepte pas la deuxième place pour les Etats-Unis d’Amérique ». Quelques jours plus tard, le Vice-président Joseph Biden, a tourné en dérision l’idée même que « nous sommes destinés à réaliser la prophétie de [l’historien Paul] Kennedy, selon laquelle nous serons une grande nation qui aura échoué parce que nous avons perdu le contrôle de notre économie et que nous nous sommes trop agrandis ». De la même manière, Joseph Nye, le gourou néolibéral en politique étrangère, s’exprimant dans le numéro de novembre du journal institutionnel Foreign Affairs, a balayé toute idée d’essor économique et militaire de la Chine, rejetant « les métaphores trompeuses de déclin organique » et niant qu’une détérioration de la puissance globale des Etats-Unis était en cours.

Les Américains ordinaires, voyant leurs emplois se délocaliser à l’étranger, ont une vision plus réaliste que leurs dirigeants qui, eux, sont bien protégés. Un sondage d’opinion d’août 2010 a mis en évidence que 65% des Américains pensaient que leur pays était désormais « en état de déclin ». Déjà, l’Australie et la Turquie, des alliés militaires traditionnels des Etats-Unis, utilisent leurs armes fabriquées en Amérique pour des manœuvres aériennes et navales conjointes avec la Chine. Déjà, les partenaires économiques les plus proches des Etats-Unis s’éloignent de la position de Washington et se tournent vers la devise chinoise, dont les taux sont manipulés. Alors que le président [Obama] revenait d’Asie le mois dernier, un gros titre sinistre du New York Times résumait ainsi le moment fort de son voyage : « Sur La Scène Mondiale, La Vision Economique d’Obama Est Rejetée, La Chine, La Grande-Bretagne Et L’Allemagne Contestent Les USA, Les Pourparlers Commerciaux Avec Séoul Ont Egalement Echoué ».

D’un point de vue historique, la question n’est pas de savoir si les Etats-Unis perdront leur puissance globale incontestée, mais juste à quelle vitesse et avec quelle brutalité se produira leur déclin. A la place des désirs irréalistes de Washington, prenons la propre méthodologie du National Intelligence Council pour décrypter l’avenir, afin de suggérer quatre scénarios réalistes (accompagnés de quatre évaluations associées de leur situation actuelle) sur la manière, que ce soit avec fracas ou dans un murmure, dont la puissance globale des Etats-Unis pourrait toucher à sa fin dans les années 2020. Ces scénarios futuristes comprennent : le déclin économique, le choc pétrolier, la mésaventure militaire et la Troisième Guerre Mondiale. Même si ces scénarios sont loin d’être les seules possibilités en matière de déclin – voire même d’effondrement – américain, ils offrent une fenêtre sur un futur qui arrive au pas de charge.

Le déclin économique
La situation actuelle

Aujourd’hui, trois menaces principales existent vis-à-vis de la position dominante des Etats-Unis dans l’économie mondiale : la perte de l’influence économique grâce à une part du commerce mondial qui se rétrécit, le déclin de l’innovation technologique américaine et la fin du statut privilégié du dollar en tant que devise de réserve mondiale.

Dès 2008, les Etats-Unis sont déjà tombés au troisième rang mondial pour les exportations, avec 11% des exportations mondiales, comparés à 12% pour la Chine et 16% pour l’Union Européenne. Il n’y a aucune raison de croire que cette tendance va s’inverser.

De la même façon, le leadership américain dans l’innovation technologique est sur le déclin. En 2008, les Etats-Unis étaient encore numéro deux derrière le Japon en matière de dépôts de brevets, avec 232.000, mais la Chine se rapprochait très vite avec 195.000 brevets, grâce à une augmentation foudroyante de 400% depuis l’an 2000. Un signe annonciateur d’un déclin supplémentaire : en 2009, les Etats-Unis sont tombés au plus bas, au cours de la décennie précédente, parmi les 40 pays étudiés par la Fondation pour l’Innovation et l’Information Technologique, en termes de « changement » dans la « compétitivité mondiale en matière d’innovation ». Ajoutant du corps à ces statistiques, en octobre dernier, le Ministère de la Défense chinois a dévoilé le super-ordinateur le plus rapide du monde, le Tianhe-1 A, si puissant, selon un expert américain, qu’il « fait voler en éclat les performances de l’actuelle machine n°1 » aux Etats-Unis.

Ajoutez à cette preuve limpide que le système éducatif américain, qui constitue la source des futurs scientifiques et innovateurs, est passé derrière ses concurrents. Après avoir été à la tête du monde pendant des décennies sur la tranche d’âge des 25-34 ans possédant un diplôme universitaire, ce pays a sombré à la douzième place en 2010. Le Forum Economique Mondial, la même année, a classé les Etats-Unis à une médiocre 52ème place sur 139 pays, en ce qui concerne la qualité de ses universités de mathématiques et d’instruction scientifique. Près de la moitié de tous les diplômés en sciences aux Etats-Unis sont désormais des étrangers, dont la plupart rentreront chez eux, et ne resteront pas aux Etats-Unis comme cela se passait autrefois. Autrement dit, d’ici 2025, les Etats-Unis se retrouveront probablement face à une pénurie de scientifiques de talent.

De telles tendances négatives encouragent la critique acerbe croissante sur le rôle du dollar en tant que devise de réserve mondiale. « Les autres pays ne veulent plus adhérer à l’idée que les Etats-Unis savent mieux que les autres en matière de politique économique », a observé Kenneth S. Rogoff, ancien chef économiste au FMI. A la mi-2009, avec les banques centrales qui détenaient un montant astronomique de 4.000 milliards de dollars en bons du trésor américain, le Président russe Dimitri Medvedev a insisté sur le fait qu’il était temps de mettre fin au « système unipolaire artificiellement maintenu » et basé sur « une devise de réserve qui avait été forte dans le passé ».

Simultanément, le gouverneur de la banque centrale chinoise a laissé entendre que l’avenir pourrait reposer sur une devise de réserve mondiale « déconnectée des nations individuelles » (c’est-à-dire, le dollar américain). Prenez tout ceci comme des indications du monde à venir et comme une tentative possible, ainsi que l’a soutenu l’économiste Michael Hudson, « d’accélérer la banqueroute de l’ordre mondial militaro-financier des Etats-Unis ».

Un scénario pour 2020

Après des années de déficits croissants, nourris par des guerres incessantes dans des pays lointains, en 2020, comme l’on s’y attend depuis longtemps, le dollar américain perd finalement son statut spécial de devise de réserve mondiale. Soudain, le coût des importations monte en flèche. Incapable de payer des déficits allant crescendo en vendant des bons du Trésor à présent dévalués, Washington est finalement obligé de réduire considérablement son budget militaire boursouflé. Sous la pression de ses citoyens et de l’étranger, Washington retire les forces américaines de centaines de bases à l’étranger qui se replient sur un périmètre continental. Cependant, il est désormais bien trop tard.

Face à une superpuissance qui s’éteint et qui est incapable de payer ses factures, la Chine, l’Inde, l’Iran, la Russie et d’autres puissances, grandes ou régionales, défient et provoquent la domination des Etats-Unis sur les océans, dans l’espace et le cyberespace. Pendant ce temps, en pleine inflation, avec un chômage qui croit sans cesse et une baisse continue des salaires réels, les divisions intérieures s’étendent en violents clashs et en débats diviseurs, souvent sur des questions remarquablement hors sujet. Surfant sur une vague politique de désillusion et de désespoir, un patriote d’extrême-droite capture la présidence avec une rhétorique assourdissante, exigeant le respect de l’autorité américaine et proférant des menaces de représailles militaires ou économiques. Le monde ne prête quasiment pas attention alors que le Siècle Américain se termine en silence.

Le choc pétrolier
La situation actuelle


Une victime collatérale de la puissance économique déclinante de l’Amérique a été son verrouillage des approvisionnements en pétrole. Accélérant et dépassant l’économie américaine gourmande en pétrole, la Chine est devenue cet été le premier consommateur mondial d’énergie, une position détenue par les Etats-Unis depuis plus d’un siècle. Le spécialiste [américain] de l’énergie Michael Klare a exposé que ce changement signifie que la Chine « donnera le rythme pour façonner notre avenir mondial ».

D’ici 2025, la Russie et l’Iran contrôleront près de la moitié des réserves mondiales de gaz naturel, ce qui leur octroiera potentiellement un énorme effet de levier sur une Europe affamée d’énergie. Ajoutez les réserves pétrolières à ce mélange, ainsi que le National Intelligence Council a prévenu, et dans juste 15 ans, deux pays, la Russie et l’Iran, pourraient « émerger comme les chevilles ouvrières de l’énergie ».

Malgré leur ingéniosité remarquable, les principales puissances pétrolières vident actuellement les grands bassins de réserves pétrolières qui s’avèrent être des extractions faciles et bon marché. La véritable leçon du désastre pétrolier de « Deepwater Horizon » dans le Golfe du Mexique n’était pas les normes de sécurité laxistes de BP, mais le simple fait que tout le monde ne voyait que le « spectacle de la marée noire » : l’un des géants de l’énergie n’avait pas beaucoup d’autre choix que de chercher ce que Klare appelle du « pétrole coriace », à des kilomètres sous la surface de l’océan, pour maintenir la croissance de ses profits.

Aggravant le problème, les Chinois et les Indiens sont soudainement devenus des consommateurs d’énergie beaucoup plus gourmands. Même si les approvisionnements en pétrole devaient rester constants (ce qui ne sera pas le cas), la demande, et donc les coûts, est quasiment assurée de monter – et, qui plus est, brutalement. D’autres pays développés répondent agressivement à cette menace en se plongeant dans des programmes expérimentaux pour développer des sources énergétiques alternatives. Les Etats-Unis ont pris une voie différente, faisant bien trop peu pour développer des sources énergétiques alternatives, tandis qu’au cours des dix dernières années, ils ont doublé leur dépendance sur les importations du pétrole provenant de l’étranger. Entre 1973 et 2007, les importations de pétrole [aux Etats-Unis] sont passées de 36% de toute l’énergie consommée aux Etats-Unis à 66%.

Un scénario pour 2025

Les Etats-Unis sont restés si dépendants du pétrole étranger que quelques événements défavorables sur le marché mondial de l’énergie déclenchent en 2025 un choc pétrolier. En comparaison, le choc pétrolier de 1973 (lorsque les prix ont quadruplé en quelques mois) ressemble à un avatar. En colère face à la valeur du dollar qui s’envole, les ministres du pétrole de l’OPEP, se réunissant en Arabie Saoudite, exigent les futurs paiements énergétiques dans un « panier de devises », constitué de yen, de yuan et d’euro. Cela ne fait qu’augmenter un peu plus le coût des importations pétrolières américaines. En même temps, tandis qu’ils signent une nouvelle série de contrats de livraison à long-terme avec la Chine, les Saoudiens stabilisent leurs propres réserves de devises en passant au yuan. Pendant ce temps, la Chine déverse d’innombrables milliards pour construire un énorme pipeline à travers l’Asie et finance l’exploitation par l’Iran du plus grand champ gazier au monde, à South Pars, dans le Golfe Persique.

Inquiets que l’US Navy pourrait ne plus être en mesure de protéger les bateaux-citernes naviguant depuis le Golfe Persique pour alimenter l’Asie Orientale, une coalition entre Téhéran, Riyad et Abu-Dhabi forme une nouvelle alliance inattendue du Golfe et décrète que la nouvelle flotte chinoise de porte-avions rapides patrouillera dorénavant dans le Golfe Persique, depuis une base dans le Golfe d’Oman. Sous de fortes pressions économiques, Londres accepte d’annuler le bail des Américains sur la base de Diego Garcia, située sur son île de l’Océan Indien, tandis que Canberra, contrainte par les Chinois, informe Washington que sa Septième Flotte n’est plus la bienvenue à Fremantle, son port d’attache, évinçant de fait l’US Navy de l’Océan Indien.

En quelques traits de plume et quelques annonces laconiques, la « Doctrine Carter », selon laquelle la puissance militaire étasunienne devait éternellement protéger le Golfe Persique, est enterrée en 2025. Tous les éléments qui ont assuré pendant longtemps aux Etats-Unis des approvisionnements illimités en pétrole bon marché depuis cette région – logistique, taux de change et puissance navale – se sont évaporés. A ce stade, les Etats-Unis ne peuvent encore couvrir que 12% de leurs besoins énergétiques par leur industrie d’énergie alternative naissante, et ils restent dépendants du pétrole importé pour la moitié de leur consommation d’énergie.

Le choc pétrolier qui s’ensuit frappe le pays comme un ouragan, envoyant les prix vers de nouveaux sommets, rendant les voyages une option incroyablement coûteuse, provoquant la chute-libre des salaires réels (depuis longtemps en déclin) et rendant non-compétitif ce qui reste des exportations américaines. Avec des thermostats qui chutent, le prix des carburants qui bat tous les records et les dollars qui coulent à flot vers l’étranger en échange d’un pétrole coûteux, l’économie américaine est paralysée. Avec des alliances en bout de course qui s’effilochent depuis longtemps et des pressions fiscales croissantes, les forces militaires américaines commencent finalement un retrait graduel de leurs bases à l’étranger.

En quelques années, les Etats-Unis sont fonctionnellement en faillite et le compte à rebours à commencé vers le crépuscule du Siècle Américain.

La mésaventure militaire
La situation actuelle


Contrairement à l’intuition, tandis que leur puissance s’éteint, les empires plongent souvent dans des mésaventures militaires inconsidérées. Ce phénomène, connu des historiens spécialistes des empires sous le nom de « micro-militarisme », semble impliquer des efforts de compensation psychologique pour soulager la douleur de la retraite ou de la défaite en occupant de nouveaux territoires, pourtant de façon brève et catastrophique. Ces opérations, irrationnelles même d’un point de vue impérial, produisent souvent une hémorragie de dépenses ou de défaites humiliantes qui ne font qu’accélérer la perte de puissance.

A travers les âges, les empires assaillis souffrent d’une arrogance qui les conduit à plonger encore plus profond dans les mésaventures militaires, jusqu’à ce que la défaite devienne une débâcle. En 413 av. J.-C., Athènes, affaiblie, envoya 200 vaisseaux se faire massacrer en Sicile. En 1921, l’Espagne impériale mourante envoya 20.000 soldats se faire massacrer par les guérillas berbères au Maroc. En 1956, l’empire britannique déclinant détruisit son prestige en attaquant Suez. Et, en 2001 et en 2003, les Etats-Unis ont occupé l’Afghanistan et envahi l’Irak. Avec la prétention démesurée qui marque les empires au fil des millénaires, Washington a augmenté à 100.000 le nombre de ses soldats en Afghanistan, étendu la guerre au Pakistan et étendu son engagement jusqu’en 2014 et plus, recherchant les désastres, petits et grands, dans ce cimetière nucléarisé des empires, infesté par les guérillas.

Un scénario pour 2014

Le « micro-militarisme » est si irrationnel et imprévisible que les scénarios en apparence fantaisistes sont vite surpassés par les évènements réels. Avec l’armée américaine étirée et clairsemée de la Somalie aux Philippines et les tensions qui montent en Israël, en Iran et en Corée, les combinaisons possibles pour une crise militaire désastreuse sont multiformes.

Nous sommes au milieu de l’été 2014 au sud de l’Afghanistan et une garnison américaine réduite, dans Kandahar assailli, est soudainement et de façon inattendue prise d’assaut par les guérillas Taliban, tandis que les avions américains sont cloués au sol par une tempête de sable aveuglante. De lourdes pertes sont encaissées et, en représailles, un commandant militaire américain embarrassé lâche ses bombardiers B-1 et ses avions de combat F-16 pour démolir tout un quartier de la ville que l’on pense être sous contrôle Taliban, tandis que des hélicoptères de combat AC-130 U « Spooky » ratissent les décombres avec des tirs dévastateurs.

Très vite, les Mollahs prêchent le djihad dans toutes les mosquées de la région, et les unités de l’armée afghane, entraînées depuis longtemps par les forces américaines pour renverser le cours de la guerre, commencent à déserter massivement. Les combattants Talibans lancent alors dans tout le pays une série de frappes remarquablement sophistiquées sur les garnisons américaines, faisant monter en flèche les pertes américaines. Dans des scènes qui rappellent Saigon en 1975, les hélicoptères américains portent secours aux soldats et aux civils américains depuis les toits de Kaboul et de Kandahar.

Pendant ce temps, en colère contre l’impasse interminable qui dure depuis des dizaines d’années à propos de la Palestine, les dirigeants de l’OPEP imposent un nouvel embargo pétrolier contre les Etats-Unis pour protester contre leur soutien à Israël, ainsi que contre le massacre d’un nombre considérable de civils musulmans dans leur guerre en cours dans tout le Grand Moyen-Orient. Avec le prix des carburants qui monte en flèche et ses raffineries qui s’assèchent, Washington prend ses dispositions en envoyant les forces des Opérations Spéciales saisir les ports pétroliers du Golfe Persique. En retour, cela déclenche un emballement des attaques-suicides et le sabotage des pipelines et des puits de pétrole. Tandis que des nuages noirs s’élèvent en tourbillons vers le ciel et que les diplomates se soulèvent à l’ONU pour dénoncer catégoriquement les actions américaines, les commentateurs dans le monde entier remontent dans l’histoire pour appeler cela le « Suez de l’Amérique », une référence éloquente à la débâcle de 1956 qui a marqué la fin de l’Empire Britannique.

La Troisième Guerre Mondiale

La situation actuelle

Au cours de l’été 2010, les tensions militaires entre les Etats-Unis et la Chine ont commencé à croître dans le Pacifique occidental, considéré autrefois comme un « lac » américain. Même un an plus tôt, personne n’aurait prédit un tel développement. De la même manière que Washington a exploité son alliance avec Londres pour s’approprier une grande part de la puissance mondiale de la Grande-Bretagne après la Deuxième Guerre Mondiale, la Chine utilise à présent les profits générés par ses exportations avec les Etats-Unis pour financer ce qui risque probablement de devenir un défi militaire à la domination américaine sur les voies navigables de l’Asie et du Pacifique.

Avec ses ressources croissantes, Pékin revendique un vaste arc maritime, de la Corée à l’Indonésie, dominé pendant longtemps par l’US Navy. En août, après que Washington eut exprimé un « intérêt national » dans la Mer de Chine méridionale et conduit des exercices navals pour renforcer cette revendication, le Global Times, organe officiel de Pékin, a répondu avec colère, en disant : « Le match de lutte entre les Etats-Unis et la Chine sur la question de la Mer de Chine méridionale a fait monter les enchères pour décider quel sera le futur dirigeant de la planète. »

Au milieu des tensions croissantes, le Pentagone a rapporté que Pékin détient à présent « la capacité d’attaquer… les porte-avions [américains] dans l’Océan Pacifique occidental » et de diriger « des forces nucléaires vers l’ensemble… des Etats-Unis continentaux. » En développant « des capacités offensives nucléaires, spatiales et de guerre cybernétique », la Chine semble déterminée à rivaliser pour la domination de ce que le pentagone appelle « le spectre d’information dans toutes les dimensions de l’espace de combat moderne ». Avec le développement en cours de la puissante fusée d’appoint Long March V, de même que le lancement de deux satellites en janvier 2010 et d’un autre en juillet dernier, pour un total de cinq [déjà mis sur orbite], Pékin a lancé le signal que le pays faisait des progrès rapides en direction d’un réseau « indépendant » de 35 satellites pour le positionnement, les communications et les capacités de reconnaissance mondiales, qui verra le jour d’ici 2020.

Pour contrôler la Chine et étendre mondialement sa position militaire, Washington a l’intention de construire un nouveau réseau numérique de robotique aérienne et spatiale, de capacités avancées de guerre cybernétique et de surveillance électronique. Les planificateurs militaires espèrent que ce système enveloppera la Terre dans un quadrillage cybernétique capable de rendre aveugles des armées entières sur le champ de bataille ou d’isoler un simple terroriste dans un champ ou une favela. D’ici 2020, si tout fonctionne selon son plan, le Pentagone lancera un bouclier à trois niveaux de drones spatiaux – pouvant atteindre l’exosphère depuis la stratosphère, armés de missiles agiles, reliés par un système modulaire de satellites élastique et opérant au moyen d’une surveillance totale par télescope.

En avril dernier, le Pentagone est entré dans l’histoire. Il a étendu les opérations de drones à l’exosphère en lançant discrètement la navette spatiale non habitée X-37 B, la plaçant en orbite basse au-dessus de la planète. Le X-37 B est le premier d’une nouvelle génération de véhicules non-habités qui marqueront la militarisation complète de l’espace, créant une arène pour les futures guerres, contrairement à tout ce qui a été fait auparavant.

Un scénario pour 2025

La technologie de la guerre spatiale et cybernétique est tellement nouvelle et non-testée que même les scénarios les plus bizarres pourraient bientôt être dépassés par une réalité encore difficile à concevoir. Toutefois, si nous employons simplement le type de scénarios que l’US Air Force a elle-même utilisés dans son 2009 Future Capabilities Game, nous pouvons obtenir « une meilleure compréhension sur la manière dont l’air, l’espace et le cyberespace coïncident dans l’art de la guerre » ; et, commencez alors à imaginer comment la prochaine guerre mondiale pourrait réellement être livrée !

Il est 23h59 en ce jeudi de Thanksgiving 2025. Tandis que les foules se pressent dans les cyberboutiques et qu’elles martèlent les portails de Best Buy pour des gros discounts sur les derniers appareils électroniques domestiques provenant de Chine, les techniciens de l’US Air Force, au Télescope Spatial de Surveillance de Maui [Hawaï], toussent sur leur café tandis que leurs écrans panoramiques deviennent soudainement noirs. A des milliers de kilomètres, au centre de commandement cybernétique au Texas, les combattants cybernétiques détectent rapidement des codes binaires malicieux qui, bien que lancés de façon anonyme, montrent l’empreinte numérique distincte de l’Armée de Libération Populaire de Chine.

Cette première attaque ouverte n’avait été prévue par personne. Le « programme malicieux » prend le contrôle de la robotique à bord d’un drone américain à propulsion solaire, le « Vulture », alors qu’il vole à 70.000 pieds au-dessus du Détroit de Tsushima, entre la Corée et le Japon. Il tire soudain tous les modules de fusées qui se trouvent en dessous de son envergure gigantesque de 135 mètres, envoyant des douzaines de missiles létaux plonger de façon inoffensive dans la Mer Jaune, désarmant ainsi efficacement cette arme terrible.

Déterminé à répondre coup pour coup, la Maison Blanche autorise une frappe de rétorsion. Confiant que son système de satellites F-6, « fractionné et en vol libre » est impénétrable, les commandants de l’Air Force en Californie transmettent les codes robotiques à la flottille de drones spatiaux X-37 B qui orbitent à 450 kilomètres au-dessus de la Terre, leur ordonnant de lancer leurs missiles « triple terminator » sur les 35 satellites chinois. Aucune réponse. Proche de la panique, l’US Air Force lance son véhicule de croisière hypersonique Falcon dans un arc de 160 kilomètres au-dessus de l’Océan Pacifique et ensuite, juste 20 minutes plus tard, envoie les codes informatiques pour tirer les missiles contre sept satellites chinois en orbite basse. Les codes de lancement sont soudainement inopérants.

Au fur et à mesure que le virus chinois se répand irrésistiblement à travers l’architecture des satellites F-6 et que ces super-ordinateurs américains de deuxième classe ne parviennent pas à cracker le code diablement complexe du programme malicieux, les signaux GPS, cruciaux pour la navigation des navires et des avions américains dans le monde entier, sont compromis. Les flottes de porte-avions commencent à tourner en rond au milieu du Pacifique. Des escadrons d’avions de combat sont cloués au sol. Les drones moissonneurs volent sans but vers l’horizon, se crashant lorsque leur carburant est épuisé. Soudain, les Etats-Unis perdent ce que l’US Air Force a longtemps appelé « le terrain élevé de combat ultime » : l’espace. En quelques heures, la puissance mondiale qui a dominé la planète pendant près d’un siècle a été vaincue dans la Troisième Guerre Mondiale sans causer la moindre victime humaine.

Un nouvel ordre mondial ?

Même si les événements futurs s’avèrent plus ternes que ce que suggèrent ces quatre scénarios, toutes les tendances importantes pointent vers un déclin beaucoup plus saisissant de la puissance américaine d’ici 2025 que tout ce que Washington semble maintenant envisager.

Alors que les alliés [des Etats-Unis] dans le monde entier commencent à réaligner leurs politiques pour rencontrer les puissances asiatiques montantes, le coût de maintien des 800 bases militaires ou plus à l’étranger deviendra tout simplement insoutenable, forçant finalement Washington à se retirer graduellement à contre-cœur. Avec la Chine et les Etats-Unis qui se trouvent dans une course à la militarisation de l’espace et du cyberespace, les tensions entre les deux puissances vont sûrement monter, rendant un conflit militaire d’ici 2025 au moins plausible, voire quasiment garanti.

Pour compliquer un peu plus les choses, les tendances économiques, militaires et technologiques exposées brièvement ci-dessus n’agiront pas de manière clairement isolée. Comme cela s’est produit pour les empires européens après la Deuxième Guerre Mondiale, de telles forces négatives se révèleront sans aucun doute synergiques. Elles se combineront de façon complètement inattendue, créeront des crises pour lesquelles les Américains ne sont absolument pas préparés et menaceront d’envoyer l’économie dans une spirale descendante soudaine, reléguant ce pays dans la misère économique, pendant une génération ou plus.

Tandis que la puissance américaine s’estompe, le passé offre un éventail de possibilités pour un futur ordre mondial. A un bout de ce spectre, la montée d’une nouvelle superpuissance mondiale, même si elle est improbable, ne peut pas être écartée. Toutefois, la Chine et la Russie manifestent toutes deux des cultures autoréférentielles, des écritures abstruses non-romaines, des stratégies de défense régionales et des systèmes légaux sous-développés, leur contestant les instruments clés pour la domination mondiale. Alors, dans ce cas, aucune superpuissance de semble pouvoir succéder aux Etats-Unis.

Dans une version noire contre-utopique de notre futur mondial, il est concevable qu’une coalition d’entreprises transnationales, de forces multilatérales comme l’OTAN et d’une élite financière internationale puisse élaborer un réseau supranational instable qui ne donnerait plus aucun sens à l’idée même d’empires nationaux. Tandis que des entreprises dénationalisées et des élites multinationales dirigeraient de façon usurpée un tel monde depuis des enclaves urbaines sécurisées, les multitudes seraient reléguées dans des terres, rurales ou urbaines, laissées à l’abandon.

Dans Planet of Slums [planète bidonvilles], Mike Davis offre au moins une vision partielle du bas vers le haut d’un tel monde. Son argument est que le milliard de personnes (deux milliards d’ici 2030) déjà entassées dans des bidonvilles fétides de type favelas autour du monde, feront « les villes sauvages et en faillite du Tiers Monde […] l’espace de combat caractéristique du 21ème siècle ». Alors que l’obscurité s’installe sur quelques super-favelas futures, « l’empire peut déployer des technologies orwelliennes de répression », tandis que « les hélicoptères de combats de type hornet chassent des ennemis énigmatiques dans les rues étroites des bas-quartiers… Tous les matins, les bidonvilles répliquent par des attentats-suicides et des explosions éloquentes ».

Au milieu de ce spectre de futurs possibles, un nouvel oligopole pourrait émerger entre 2020 et 2040, avec les puissances montantes chinoise, russe, indienne et brésilienne collaborant avec des puissances en déclin comme la Grande-Bretagne, l’Allemagne, le Japon et les Etats-Unis, en vue d’imposer une domination globale ad hoc, semblable à l’alliance approximative des empires européens qui ont dirigé la moitié de l’humanité aux alentours de 1900.

Une autre possibilité : la montée d’hégémons régionaux dans un retour à quelque chose rappelant le système international en œuvre avant que les empires modernes ne se forment. Dans cet ordre mondial néo-westphalien, avec ses perspectives sans fin de micro-violence et d’exploitation incontrôlée, chaque hégémon dominerait sa région immédiate – le Brésil en Amérique du Sud, Washington en Amérique du Nord, Pretoria en Afrique méridionale, etc. L’espace, le cyberespace et les profondeurs maritimes, retirés du contrôle de l’ancien « gendarme » planétaire, les Etats-Unis, pourraient même devenir des nouvelles parties communes mondiales, contrôlées au moyen d’un Conseil de Sécurité onusien élargi ou d’une autre institution ad hoc.

Tous ces scénarios extrapolent des tendances futuristes existantes, sur la supposition que les Américains, aveuglés par l’arrogance de décennies de puissance sans précédent historique, ne peuvent pas prendre ou ne prendront pas les mesures pour gérer l’érosion incontrôlée de leur position mondiale.

Si le déclin de l’Amérique suit en fait une trajectoire de 22 années entre 2003 et 2025, alors les Américains ont déjà gaspillé la plus grande partie de la première décade de ce déclin avec des guerres qui les ont détournés des problèmes à long-terme et, de la même manière que l’eau est bue rapidement par les sables du désert, des trillions de dollars terriblement nécessaires gaspillés.

S’il reste seulement 15 ans, les risques de les gaspiller tous reste toujours élevé. Le Congrès et le président [des Etats-Unis] sont à présent dans une impasse ; le système américain est submergé par l’argent des grandes entreprises qui bloquent les usines ; et peu de choses laissent penser que toute question d’importance, y compris les guerres américaines, l’Etat national sécuritaire bouffi de l’Amérique, son système éducatif démuni et ses approvisionnements énergétiques archaïques, sera traitée avec assez de sérieux pour assurer la sorte d’atterrissage en douceur qui pourrait maximiser le rôle et la prospérité des Etats-Unis dans un monde en changement.

Les empires d’Europe sont révolus et le pouvoir suprême des Etats-Unis se poursuit. Il semble de plus en plus improbable que les Etats-Unis obtiendront quelque chose qui ressemble de près ou de loin à la réussite de la Grande-Bretagne, pour façonner un ordre mondial réussi qui protège leurs intérêts, préserve leur prospérité et porte la marque de leurs meilleures valeurs.

Alfred W. McCoy

Traduction : Questions Critiques

Alfred W McCoy est professeur d’histoire à l’Université de Wisconsin-Madison. Auteur régulier pour TomDispatch, il préside également le projet “Empires in transition”, un groupe de travail mondial de 140 historiens, provenant d’universités issues de quatre continents.

http://www.mecanopolis.org/?p=20874