Rassemblement massif à Benghazi pour les funérailles des manifestants massacrés par les milices de Kadhafi
dimanche 20 février 2011 - Al Jazeera
Les forces libyennes de répression ont ouvert le feu sur un enterrement dans la ville orientale de Benghazi, tuant au moins 15 personnes et en blessant des dizaines d’autres, alors que les protestations contre Mouammar Kadhafi, dirigeant du pays depuis plus de 40 ans, se sont poursuivies.
Les victimes participaient aux funérailles de samedi organisées pour les manifestants qui avaient été abattus lors des manifestations anti-gouvernementales dans la ville au cours de la semaine dernière, selon des témoins, ce qui porte le nombre de morts à plus d’une centaine en six jours de protestations, selon les groupes d’opposition.
Le docteur Mariam, parlant depuis un hôpital de Benghazi, a déclaré à Al Jazeera : « C’est un massacre ici. L’armée tire sur tous les manifestants avec des balles réelles, je l’ai déjà vu de mes propres yeux. Les forces militaires sont partout. Même dans l’hôpital où je travaille, nous ne sommes pas sûrs. Il y avait un garçon de 8 ans qui est décédé, l’autre jour à cause d’une balle dans la tête. Qu’a-t-il fait pour mériter cela ? »
Ahmed, un résident de Benghazi, a déclaré : ... « En ce moment, la situation est encore pire que plus tôt aujourd’hui. Et dans un hôpital voisin, au moins 150 personnes ont été admises, des blessés et des morts. En ce qui concerne [des informations faisant état de] mercenaires africains vus à Benghazi, je n’en ai pas vu, mais l’armée est partout. »
Un autre médecin nous a dit plus tôt depuis Benghazi, que l’hôpital Al Jalah où il travaille a reçu 15 corps et a traité de nombreuses personnes suite à la fusillade lors de l’enterrement.
Il a déclaré aussi que l’hôpital avait compté 44 décès au total en trois jours, en ajoutant qu’ils avaient du mal à soigner les blessés.
« Ce n’est pas un hôpital bien équipé et ces blessés viennent par vagues. Tous ont des blessures très graves, impliquant la tête, la poitrine et l’abdomen. Ils sont blessés par balles de fusils à grande puissance. »
« Tous sont des civils âgés de 13 à 35 ans. Il n’y a pas de policiers ou militaires blessés, » a-t-il dit, ajoutant qu’il n’y avait aucun moyen que les blessures aient pu être provoquées par autre chose que les forces de sécurité.
« C’est absolument une politique consistant à tirer pour tuer », dit-il.
Des hôpitaux « submergés »
Ces décès surviennent alors que les informations font état d’une brigade militaire de Benghazi qui serait tombée aux mains de la population. Le médecin de Benghazi a déclaré à Al Jazeera que les manifestants ont pris d’assaut samedi le bâtiment.
Le massacre a eu lieu après que Human Rights Watch ait déclaré plus tôt samedi que 84 personnes étaient mortes au cours des trois derniers jours.
Ahmed, un homme d’affaires et résidant de Benghazi - qui a refusé de donner son vrai nom pour sa propre sécurité - a déclaré à Al Jazeera que les hôpitaux de la ville ont été submergés par le nombre de morts et de blessés et se sont trouvés à court de sang.
« C’est un grand, grand massacre. Nous n’avons jamais entendu parler de quelque chose comme ça avant. C’est horrible », dit-il.
« La fusillade est toujours en cours en ce moment. Nous sommes à environ 3 kms de là, et nous avons vu ce matin de nouvelles troupes de l’armée dans la ville. Vous pouvez entendre les tirs maintenant. Ils ne se soucient aucunement de nous. »
Les protestations s’étendent
Selon des témoins, des milliers de personnes ont pris part à des manifestations pacifiques dans la ville de Misurata à l’ouest de la Libye. Ils semblaient manifester contre la brutalité de l’état, plutôt que pour un changement de gouvernement.
Petit rappel : en juillet 2007 Zébulon 1°, accompagné entre autres de l’ineffable Rama Yade [secrétaire d’état aux droits de l’homme à géométrie très très variable] et du très temporaire Bockel [transfuge du PS et représentant zélé de la politique néo-coloniale française en Afrique] ont fait une visite en Libye pour caresser Kadhafi dans le sens du poil et lui soutirer quelques contrats...
Mohamed Abdulmalek, le président de Libya Watch - un groupe de défense des droits de l’homme qui surveille les dénis de droits dans le pays - a expliqué que le délai constaté pour les protestations à l’ouest du pays est dû à la forte présence des forces de sécurité.
« Le décalage dans l’insurrection dans l’ouest n’est pas parce que les gens n’ont pas envie de manifester », a-t-il déclaré à Al Jazeera depuis le Royaume-Uni.
« Mais la présence de la police à Tripoli, par exemple, était si dense que les gens se sont réunis un par un au début. Le régime libyen a anticipé cette tactique et les places de Tripoli ont été occupées par les forces de sécurité et les gens n’ont pas pu se rassembler. »
« Mais finalement, la pression dans la capitale a commencé à s’exprimer en dehors de Tripoli, et vous voyez les gens se révolter. Nous n’avons aucun doute que l’est et l’ouest s’uniront. »
Vérifier les informations en provenance de la Libye est difficile depuis le début des manifestations, à cause des restrictions sur l’entrée de journalistes dans le pays et à cause du black out imposé sur Internet et les réseaux de téléphone mobile par le gouvernement.
Le gouvernement libyen a bloqué la diffusion de la chaîne de télévision Al-Jazeera dans le pays et les gens ont également signalé que le site Web de la même chaîne est inaccessible.
19 février 2011 - Al JAzeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/news/a...
Traduction : Info-Palestine.net
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